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La Presse, 9 décembre 1837

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La Presse
9 décembre 1837


Extrait du journal

oserait proscrire l'eau de Bouquet qai parfume votre joli'mouchoir, le flacon de sel anglais que vous tenez si gracieusement dans votre belle main, le sachet oriental qui protège vos châles, et l'introuvable gomme d'olivier que vous brûlez dans une cassolette d'or, chaque soir après vos repas : tous ces parfums enfin délicieux et mortels qui font vos délices. «Monsieur, lui diréz-vous avec la même intelligence, les parfums ne me font aucun mal; j'ai eu quelquefois six tubéreuses dans ma chambre, et je ne, souffrais pas.» Voilà comme l'homéopa thie est comprise. Un Médecin habile est chose très rare, il est vrai;, mais il r st une chose bien plus rare encore, c'est un malade intelli gent. Oh! les malades, les malades! qu'ils sont stupides!... La mé decine n'a pas de plus grands ennemis que les malades ; l'un croit vous raconter ses souffrances, il ne vous révèle que ses prétentions; il se sent un homme de génie, il aspire aux maladies cérébrales. Celleci est un ange de mélancolie, elle se pare d'un anévrisme au cœur ; cel e-là avoue une incurable maladie de nerfs, c'est une manière ingénieuse de vous dire que son mari l'ennuie et qu'il la tourmente toute la journée ; cette autre est menacée d'une ma'adie de langueur, elle se fait ordonner des distractions. Celui-ci a des prétentions à toutes les sciences ; il vous explique ses douleurs avec les mots de l'art, il se sert de plaintes techniques pour vous conter ce qu'il éprouve ; ses gémissemens sont érudiis et pédans , ils font valoir son éducation. Oh ! l'épigastre , s'écrie-t-il ; oh ! les bronches ! oh! le péritoine! Quelquefois il se tromee, il a un rhumatisme dans le bras et s'écrie : Oh le tibia ! le maudit tibia ! Il en est d'autres, enfin, qui n'avouent jamais que des souffrances élégantes, qui cachent tomes souffrances vulgaires qui sont indignes d'eux. Pauvre médecin, comment saura-t-il la vérité! il lui faut étudier non-seulement le mal du palieut, mais aussi le caractère do l'individu; car souvent, pour le guérir d une maladie, il faut commencer par le corriger d'une manie. La grande solennité de la semaine a été l'enterrement du général Damrémont. La Presse a déjà parlé de la messe en musique de M. Berlioz,et de l'effet qu'elle a produit; de la foule qui peuplait l'é glise, de la magnificence:du deuil, de la splendeur de la cérémonie : nous ajouterons à ces détails un mot sur l'inconvenance de la parure de certaines femmes ; que l'on ne soit pas en deuil si l'on n'a pas de robes noires, bien, mai-; quand on est en' noir de la tête au pied, que I on mette sous son chapeau comme ornement Une guirlande de roses rouges, des touff:s de rubans bleus, roses, Verts, jaunes, c'est une négligence impardonnable. Ce qui nous a semblé étrange aussi, c'est l'illumination du péristyle de l'église : un lampion sur une chaise de paille trouée. A peine le lampion, pouvait-il s'asseoir sur ce siège invalide. Eu vérité, c'était révoltant de trouver ce candé...

À propos

La Presse, fondé en 1836 par Émile de Girardin, fut l’un des premiers grands quotidiens populaires français.

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