Extrait du journal
Dans ce journal indépendant de tout es prit de parti, il nous sera permis de parler de l'empereur Napoléon, comme il con vient au respect de notre pays qu'il a si longtemps gouverné, et de nous-mêmes qui rougirions de ne pas avoir le courage de la justice devant un cercueil. L'histoire jugera le règne. Mais c'est aux contemporains qu'il appartient de juger l'homme. Plutarque, notre maître à tous, dans les études biographiques, dont il à créé les types impérissables, n'a pu si bien retracer la vie de ses héros, que parce qu'il a été leur témoin avant d'être leur juge. Sans prétendre à la perfection de l'illustre écrivain de l'ancienne Grèce, nous pouvons du moins imiter son équité. Ce qu'il y a de plus rare en ce monde, quelque soit le degré où l'on s'y trouve placé, par la naissance ou par la fortune, c'est la parfaite conformité des facultés que donne la nature avec les devoirs imposés à chacun de nous par notre rôle dans la vie publique ou dans l'état social. Tel naît avec l'esprit du commandement et doit se plier à l'obéissance; tel autre, appelé à commander, manque de décision, de direc tion, de volonté. Le nom de l'empereur et sa tradition politique représentaient l'au torité. Ses penchants et ses aspirations le portaient, au contraire, vers la recherche incessante du mieux qui est trop souvent l'ennemi du bien, vers les.concessions de système, vers les rapprochements de partis. En. un mot, il n'y avait rien d'absolu dans sa personne, et c'est ce contraste qui peut expliquer, dans ce règne de vingt ans, cev qu'un grand orateur appelait, dans sa langue magnifique, « les : extrémités des chosés humaines, » la suprême puis sance et le suprême malheur, Solférino et Sedan, les triomphes des Tuileries et l'agonie de Chisleliurst. Entre l'Empire et l'empereur, il y avait plus de dissemblances que d'analogies : Napoléon III avait un culte pour le grand liomuie dont il était l'héritier ; mais c'était le culte du respect,de l'admiration, de l'en thousiasme, moins que celui de l'intelli gence et de la raison. Napoléon Ier était un conquérant et un organisateur ; sa volonté de fer ne connaissait pas d'obstacle. Napo léon III était un philosophe, un penseur, .et sa nature bienveillante, douce et rêveuse, ne se raidissait que dans cette obstination tempérée que sa mère, la reine Ilortense, appelait un doux entêtement. C'est dans sa mission de chef d'Etat, c'est dans sa haute responsabilité de sou verain qu'il faut étudier le caractère moral de la haute personnalité qui vient de dis paraître au milieu d'une émotion qui en atteste le grand rôle et l'éclat. Dictateur de tradition et d'origine, l'em pereur fut un modérateur de gouverne ment Après la lutte sanglante, après les arrestations nocturnes, après les expulsions administratives et tout cet ensemble d'actes qui marquent si tristement .la crise du coup d'Etat, il ne se préoccupe que d'en adoucir les terribles conséquences, Il fai...
À propos
La Presse, fondé en 1836 par Émile de Girardin, fut l’un des premiers grands quotidiens populaires français.
En savoir plus Données de classification - napoléon
- thulé
- massenet
- guiraud
- leconte de lisle
- edouard blau
- bazan
- lavastre
- eschyle
- noriac
- france
- europe
- londres
- rome
- angleterre
- paris
- italie
- solférino
- autriche
- norvège
- napo
- armées françaises
- la république