Extrait du journal
Enfin se retournant vivement : —Eh bien 1 dit-il, que feriez-vous ? Parlez, François ? «r-'Sire ,-dit d'Alençon, je ferais cerner la forêt de SaintGermain par trois détachemens dè chevau-légers qui, à une heure convenue, à onze heures par exemple, se met traient en marche et rabattraient tout ce qui se trouve dans la forêt, sur le pavillon de François Ier, que j'aurais, comme par hasard, désigné pour l'endroit du rendez-vous du dîner. Puis quand tout ayant l'air de suivre mon fau con , je verrais Henry s'éloigner, je piquérais an rendezvous où il se trouvera pris avec tous ses complices.. — L'idée est bonne, dit le roi; qu'on fasse venir mon ca pitaine des gardes. . D'Alençon tira de son pourpoint un sifflet d'argent péndu à une chaîne d'or et siffla. M. de Nancey parut. Charles alla à lui et lui donna ses ordres à voix basse. Pendant ce temps, son grand levrier Actéon avait saisi une proie qu'il roulait par la chambre et déchirait à bel les dents avec mille bonds folâtres. Charles r se retourna et poussa un juron terrible. Cette proie que s'était faite Actéon, c'était ce précieux livre de vénerie, dont il n'existait, comme nous l'avons dit, que trois exemplaires au monde. Le châtiment fut égal àla faute : Charles saisit un fouet, la lanière sifflante enveloppa l'animal d'un triple nœud, Actéon jeta un cri et disparut sous une table couverte d'un immense tapis qui lui servait de retraite. Charles ramassa le livre et vit avec joie qu'il n'y man quait qu'un feuillet, et encore ce feuillet n'était-il pas une page dé texte, mais une gravure. Il l'énferma avec soin dans une armoire. D'Alençon le regardait faire avec inquiétude. Il eût voulu fort que ce livre, maintenant qu'il avait rempli sa terrible mission, sortit des mains de Charles. Six heures sonnèrent. C'était l'heure à laquelle le roi devait descendre dans la cour, qui était encombrée de chevaux richement caparaçon nés, d'hommes et de femmes richement vêtus. Les veneurs tenaient sur leurs poings leurs faucons chaperonnés; quel ques piqueurs avaient des cors en écharpe au cas où le roi, fatigué de la chasse au vol, comme cela lui arrivait quelquefois, voudrait courre un daim ou un chevreuil. Le roi descendit, et en descendant, ferma la porte de son cabinet des armes. D'Alençon suivait chacun de ses mouvemens d'un ardent regard et lui vit mettre la clé dans sa poche. En descendant l'escalier, il s'arrêta, porta la main à son front : — Je ne sais ce que j'ai, dit Charles; mais je me trouve faible. Les jambes du duc d'Alençon tremblaient non moins que celles du roi....
À propos
La Presse, fondé en 1836 par Émile de Girardin, fut l’un des premiers grands quotidiens populaires français.
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