Extrait du journal
la Chaussée-d'Antin et le populaire du faubourg Saint Antoine, était depuis le sacre du succès la seule qui convînt pour l'établissement d'un second théâtre littéraire. Il eût alors accordé à M. Harel une subven tion de cent mille francs, et cent mille francs suffisaient pour cela, à la condition de maintenir sa troupe dans des valeurs équivalentes à celles qu'il possédait, et de se former un répertoire des œuvres les plus dis tinguées dé l'école moderne. De cette manière, la littérature contempo raine, que l'on veut toujours écraser sous le poids delà littérature mo numentale, ne se serait point hasardée, pieuse fille qu'elle était, à aller coudoyer le Misantrope ou le Cid. Les continuateurs de Molière et de Corneille eussent possédé, comme c'était leur droit, disaient-ils, la première scène française, eu l'académie et la chaYnbre sinon, le public fixait leur place, et comme plusieurs d'entre eux possédaient une double clé de la caisse ministérielle ; il leur eût été facile de réparer le tort que le mauvais goût du public faisait, aux intérêts des comédiens. Alors tout eût été pour le mieux : M. Harel serait encore aujourd'hui le directeur de la plus.belle troupe de Paris; son théâtre, où l'aristo cratie aurait facilement pris l'habitude d'aller, serait encore resplen dissant de velours, de moire et de diamants, comme nous l'avons vu à certaines représentations, et comme nous regrettons de ne plus le voir; enfin, cette jeune littérature qu'il a forcée, bien malgré lui sans doute, de devenir vagabonde, faute de stabilité dans les relations qu'il avait avec elle, aurait pris son théâtre pour ruche, et serait religieusement venue y déposer son miel. Il en a été autrement. La nécessité a forcé M. Harel de se séparer des premiers sujets de sa troupe, et d'interrompre ses relations avec les auteurs qui, à tort.ou à raison, étaient considérés par le public comme des chefs d'école. Quelque temps encore, à l'aide des œuvres qui restaient d'eux, M. Harel retint dans ses loges la haute société, qui a tant de difficulté à prendre une habitude et tant de facilité à la perdre; mais enfin tout s'usa, rien ne vint en aide aux choses usées. Il y avait péril en la demeure. M. Harel comprit bien sa position,' mais jugea mal les moyens qui pouvaient l'en tirer. Il chercha à diminuer les frais, au lieu de s'occuper d'augmenter les recettes. Il élagua sa troupe, fit retoucher les décorations et retourner les habits. Le théâtre en de vint plus pauvrè, sans que la caisse en fût plus riche. M. Harel lutta quelque temps; mais enfin, voyant que ses premières loges, son balcon et ses stalles restaient vides, il adopta l'exemple funeste que lui avaient donné ses confrères, il reçut une pièce dans le goût dé la bourgeoisie y émit des billets à vingt sous, et commença, descendant d'un étage, à opérer sur un public secondaire. A moins d'£voir une grande expérience des inconvénients qu'entraî ne après lui ce moyen extrême, un directeur, nous l'avouerons, peut sè laisser prendre à ses premiers résultats. La bourgeoisie, qui se fait une fête du spectacle, et qui, dans les conditions ordinaires, c'est-à-...
À propos
La Presse, fondé en 1836 par Émile de Girardin, fut l’un des premiers grands quotidiens populaires français.
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