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La Presse, 20 mars 1838

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La Presse
20 mars 1838


Extrait du journal

comme depuis vingt ans sa membrane muqueuse s'était déshabituée de la poudre sternutatoire, il éternua à plusieurs reprises, ce qui réveilla tout le monde.—Dieu vous bénisse, dit M. Moëssard qui retrouva le premier la parole. — Brrrr, fit Jemma en se secouant, il me semble que nous avons fait un petit somme. —Pas moi, pas moi, s'écria M. Moëssard, je ne me serais jamais permis de dormir devant mon directeur. — Tous les hommes sont égaux devant le sommeil, murmura Vissot, fidèle à ses principes d'indépendance. — C'est bien, c'est bien, messieurs, dit Harel ; mais je crois qu'il est temps de retourner à Paris et de nous occuper.de la représentation de ce soir. Moëssard, avez-vous fait poser les affiches ? —Oh ! là là, je les ai oubliées, s'écria le pauvre régisseur, en s'arrachant les cheveux. — Allons, allons, ne vous désespérez pas, dit une voix de femme, belle et grave; il n'est que cinq heures du matin et vous avez encore du temps. — Oui, mais il ne faut pas le perdre, répondit l'auteur en se levant. A Paris ! messieurs, à Paris ! —: A Paris ! répétèrent tous les convives. Et l'on fit avancer les chevaux et les voitures, et l'on reprit le chemin de la capitale, que l'on avait quit tée depuis vingt ans. Or, depuis vingt ans, il s'était opéré de grands changemens au théâtre de la Porte-Saint-Martin. D'abord, le matin du 14 mars 1818, jour pen dant lequel la représentation de la Pauvre Fille devait avoir lieu , les affiches de la veille n'avaient pas été renouvelées; il en était résulté que le public avait présumé quelque retard, et que voyant, le soir, les portes rester fermées, il en avait auguré que l'on faisait relâche pour la répéti tion générale, et qu'il verrait le lendemain la pièce tant promise et tant désirée. Le lendemain arriva, les portes restèrent closes comme la veille, alors on commença à murmurer dans le quartier; aux murmures succéda l'inquiétude :'le commissaire arriva, un serrurier ouvrit les portes; le théâtre était vide, le foyer était vide, l'appartement de M. Harel était vide. Au milieu de ces perquisitions, des bruits étranges revinrent de tous les côtés, aucun des acteurs, des figurans, ni des machinistes, n'a vaient reparu; il en résultait qu'une cinquantaine de familles étaient dans la plus profonde inquiétude ; on devine facilement les commentaires plus absurdes les uns que les autres, auquel donna lieu un pareil événement ; mais aucun ne tomba juste ; M. de Pixérécourt et Minette seuls auraient...

À propos

La Presse, fondé en 1836 par Émile de Girardin, fut l’un des premiers grands quotidiens populaires français.

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