Extrait du journal

Enlevons Hermlone. — Taisez-vous, sotte engeance, dit le curé, n'attiTez point cette folle par ici; nous n'avons que faire de ses jongleries. Mais les enfans ne l'entendaient point et conti nuaient â appeler et à faire des gestes. Sabina, se penchant alors sur le bord du rocher, vit un spectacle fort extraordinaire, tfne jeûne montagnarde grim pait la pente escaTpée qui conduisait â la RocheVerte, et cette enfant marchait littéralement dans une nuée d'oiseaux qui voltigeaient autour d'elle, les uns béquetant sa chevelure, d'autres se posant sur tes épaules, d'autres, tout jeunes, sautillant et se traînant à ses pieds, dans le sable. Tous semblaient se disputer le plaisir de la toucher ou le profit de l'implorer, et remplissaient l'air de leurs cris de joie et d'impatience. Quand la jeune fille fut plus prés et qu'on pût la distinguer à travers son cortège tour billonnant, Léonce et Sabina reconnurent la blonde ans joues vermeilles et aux cheveux d'or pâle qu'ils avaient vue dans l'église une heure auparavant. Alors le curé se pencha aussi vers le ravin, et, par les gestes, lui prescrivit de s'éloigner. ' La grosse figure et l'habit noir du prêtre firent sur elle l'effet de la tête de Méduse. Elle s'arrêta immo bile, et les oiseaux, effarouchés, s'envolèrent sur les arbres qui bordaient le sentier. Cependant les instances de lady G... et la vue de son verre rempli d'un excellent vin de Grèce, qu'on venait d'entamer, calmèrent l'ire du saint homme, et il consentit à crier à la fille aux oiseaux : —Allons, venez faire vos pasquinades devant leurs seigneuries, bohémienne que vous êtes ! La jeune fille tenait dans sa main une poignée de grains qu'elle jeta derrière elle, le plus loin qu'elle put, et si adroitement, qu'elle sembla seulement faire, (t) Voit la Presse îles 19 et 20 août....