Extrait du journal
Puis, apaisant soudain les agitations que cette confidence avait fait naître dans son cœur : — Gomment, Claire ! répond-elle, c'est là le seul motif de votre ressentiment?... une-amourette.;, pas davantage.... . — Ah ! madame, répondit Claire avec une inflexion de voix inexprimable, je ne croyais pas qu'il en fallût plus pour offenser une personne qui se respecte. — Ma chère enfant, dit-elle, reposez-vous sur moi du soin de faire respecter ma fille. Vos scrupules, ainsi que la passion actuelle du duc, ne sont que de purs enfantillages, tout cela passera un jour. La duchesse avait de bonnes raisons pour parler ainsi et pour prendre aussi légèrement les choses. Outre qu'elle attachait fort peu d'importance aux pré tendus torts du gentilhomme, torts quidu reste étaient fort communs à cette époque et liraient rarement â conséquence, M,,,e de Laon avait, comme nous l'avons di t, un intérêt trop grand à ce que ce mariage s'ac complit, pour le sacrifier aux boutades sentimentales de sa fi(le. C'était une de ces qmvres d'ambition ha bilement conçues, péniblement élaborées, au succès desquelles on" a coutume d'immoler les résistances les plus légitimes, en broyant sans pitié tout ce qui s'oppose à leur accomplissement. Claire, de son côté, ne pouvait se soumettre à un pareil raisonnement; elle se souciait beaucoup plus de sa dignité person nelle que de la gloire de sà maison. Aussi, en voyant avec quelle facilité sa mère passait condamnation sur l'oulrageuse conduite du duc d'Edesse, elle ne put étouffer ses sentimens, et, d'une voix où perçait une conviction.ferme, une volonté inébranlable :' —Non, s'écria-t-elle avec un emportement que jus tifiait, sans l'excuser, l'excessive faiblesse avec la quelle elle avait été élevée jusqu'alors, non, madame, ce ne sont point des enfantillages ; ce mariage est dé sormais impossible; il ne se fera pas. Mlue de Laon n'était pas d'humeur en ce moment à supporter ce nouveau caprice de sa fille. Elle s'était rassise, elle se releva; une expression sévèré assom brissait son Visage habituellement si plein de douceur et de bienveillance; un feu extraordinaire animait ses regards. — Claire, dit-elle, si votre père vivait, savez-vous comment il châtierait une pareille mutinerie? — Il l'approuverait, madame... — Il vous ferait renfermer dès demain dans un couvent. . — Mon intention est de m'y retirer de moi-même, répondit Claire d'un ton glacé. Cette réponse inattendue frappa la duchesse comme un coup de foudre; elle retomba anéantie sur son fauteuil. Claire, en prenant au mot une menace que la duchesse n'avait faite que dans le but d'intimider sa fille, lui avait enlevé toute sa force ; elle se trouvait complètement désarmée. Alors, bien qu'il en coûtât...
À propos
La Presse, fondé en 1836 par Émile de Girardin, fut l’un des premiers grands quotidiens populaires français.
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