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La Presse, 23 août 1845

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La Presse
23 août 1845


Extrait du journal

la femme intelligente qui possède et connaît un homr me à toutes les heures de la vie. Aussi n'avez-vou» point aimé, et avez-vous toujours agi de manière à frapper l'esprit de ce sexe curieux, sans lui permet tre de s'emparer de votre volonté. Vous avez fait des passions, je le sais, et vous n'en avez point éprouvé. Ce qui nous distingue l'un de l'autre, et ce qui fait que mon orgueil a plus de mérite que le vôtre, ce sont les privilèges de votre sexe. Vous n'avez point sacrifié les jouissances vulgaires au culte de la di gnité. Vos modèles ont été des modèles de choix, des filles souverainement belles, et.assez jeunes pour qne vous n'eussiez point à rougir devant trop de gens, d'en faire vos maîtresses; ces divines filles du peu ple, vous vous êtes persuadé que vous les aimiez, et, pour piquer l'amour-propre des femmes du mon de, vous avez affecté de dire que la beauté physique entraînait la^Baulé morale, que la simplicité de ces esprits incultes était le temple primitif de l'amour vrai, que sais-je? vérités peut-être, mais auxquelles vous n'avez jamais cru en les proclamant ; car, je ne sache pas qu'aucune de ces divinités pfcSbe'iennes vous ait pleinement captivé ou fixé longtemps. Statuaire, vous ç'avez vu en elles que des statues; et, quant aux femmes de votre caste, vous n'avez jamais recherché sincèrement celles qui avaient dp l'esprit. G'est avec celles-là que vous jouez précisément le rôle que vous m'attribuez, posant devant elles avec Un art et une poésie admirables les passions byroniennes, mais ne laissant approcher personne assez près de votre cœur pour qu'on y pût saisir le ver de la vanité qui le ronge. . Léonce garda longtemps le silence après que Sa bina eut fini de parler. Il paraissait profondément abattu, et cette tristesse, qui ne se raidissait pas sous le fouet de la critique, le rendit très supérieur en cet instant à la femme vindicative qui le flagellait. Sabina s'en aperçut et comprit ce qu'il y a de plus mâle dans l'esprit de l'homme, ce penchant pu cette soumission irrésistible à la vérité, que l'éducation et les habitudes de la femme s'appliquent trop victo rieusement à combattre. Elle eut des remords de son emportement, car elle vit que Léonce se repro chait le sien et sondait son propre cœur avqc effroi. Elle eut envie de le consoler du mal qu'elle venait de lui faire, puis elle eut peur que sa méditation ne cachât quélque pensée de haine profonde et de ven geance raffinée. Cette crainte la frappa au cœur ; car. aussi bien que Léonce, elle valait mieux que son portrait, et les sources de l'affection n'étalent point...

À propos

La Presse, fondé en 1836 par Émile de Girardin, fut l’un des premiers grands quotidiens populaires français.

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