Extrait du journal

Les dépêches télégraphiques de Madrid s'é taient trop empressées d'annoncer l'élection du duc de Montpensier. Il n'est pas nommé député. Au dernier moment, son concurrent a regagné les voix qui lui manquaient, et le duc a été distancé à son tour. A Oviedo,com me à Avilès, il a échoué, et s'est vu, en un instant, frustré de ses espérances ; mais il s'en consolera aisément par les perspectives que lui ouvre le discours du maréchal Prim, dont la télégraphie nous a apporté ce matin une analyse. L'espérance de monter sur le trône de sa belle-soeur semble, en effet, devoir renaître pour le duc. Prim recule, décidément, devant Topete, qui maintient la candidature du duc de Montpensier ail trône. Il reculé si bien que le mot jamais prononcé par lui devant les Cortès et qui enveloppait dans la même exclusion toute la famille de Bourbon, il n'ose plus l'appliquer aujour d'hui qu'à la reine Isabelle et au prince des Asturies. Heureusement, les destinées de l'Espagne ne dépendent pas des caprices du comte de Reus. Les Cortès ont voté,, à la majorité de 150 voix contre 37, que les Bourbons n'étaient pas exclus du trône. Voilà donc le résultat de la révolution, après moins de deux ans, des courses à travers l'Europe à la recherche d'un roi, lés révolutionnaires espagnols pré parent une restauration. Tout aura été bi zarre dans cette affaire et, par certains côtés, ridicule. Sauf le soulèvement républicain, la révolution a consisté à donner de l'avance ment à quelques ambitieux, à faire quelques fortunes et à renouveler en partie le person nel gouvernement al. Si régente ou reine, Isa belle rentre en Espagne, elle pourra imiter le mot historique : « Il n'y a rien de changé en Espagne, il n'y a que deux années de passées. En effet, elle trouvera les mêmes courtisans, un peu plus brodés, les mêmes généraux devenus maréchaux, mais ni une vertu, ni un dévouement, ni un désintéres sement patriotique de plus. Pauvre Espagne !...