Extrait du journal

S'il y a en France des esprits calmes et heureux, qui, au'milieu du bruit confus, monotone, étourdissant de la polémique du jour, puissent s'élever assez haut pour embrasser d'un seul regard le champ de bataille, ils doivent être saisis de pitié et de dégo~, voyant de côte et d'autre tant d'illustres guerriers de parade se toiser avec mépris, se battre avec rage ét tomber en riant pour recommencer le lendemain leurs injures convenues, leurs combats fictifs, leurs chutes simulées. En enet, c'est chose étrange et déplorable qu'à une époque de progrès et de lumière, à une époque de doute et d'analyse, où tout s'agrandit sous le microscope, tout se dissèque sous le scalpel, tout se décompose dans le fourneau, où tout est expliqué, commenté, discuté, aient cours encore dans le public des mots mal compris et mal définis, remparts derrière lesquels se retranche l'ignorance, visières qui couvrent la honte, boucliers qui protègent la faiblesse. Nous entendons tous les jours répéter autour de nous avec emphase; les hommes de l'opposition, les journaux de l'opposition, les principes de'l'opposition. Si cela veut dire qu'il se trouve des hommes libres et puissants qui, à toute erreur, soit dans les esprits, soit dans les consciences, opposent lavérité à toute confusion, soit dans les faits, soit dans les idées, opposent l'ordre; à toute violence, soit dans les gouvernants~soit dans les gouvernés, opposent la justice, on nous verra toujours aux premiers rangs de cette troupe disputer à qui que ce soit la gloire et le danger du...