Extrait du journal

répliqua Jeanne avec assez de vivacité, enrelevant la tête. Le jeune homme,, à ce moment, la regàrda plus attentivement; ses yeux rouges disaient qu'elle avait pleuré, et tout son visage, por tait la marque d'un tel abattement, qu'il se sentit saisi d'un involontaire respect en face de cette grande douleur, si vivement accusée; il n'osa donc point continuer sa tentative de causerie familière. — Mademoiselle, dit-il en portant la main à sa casquette galonnée, le train de Bordeaux passe dans une heure, celui de' Paris dans deux; je vais mettre vos bagages en sûreté; je viendrai vous avertir quand on ouvrira les guichets.. . pour le Midi ou pour le Nord ? Il s'en allait : Jeanne le rappela. Une idée lui venait. Elle n'avait en ce moment rien à faire à Paris, où elle ne trouverait personne de ceux avec qui elle avait quelque ckancejde gagner sa vie, — servons-nous du mot pro pre, si dur qu'il puisse être. — Quand on ne sait pas où aller, on retourne au pays natal, c'est ainsi, dit-on, que l'oiseau revient à son nid ! Une sorte d'instinct nous ramène ainsi vers notre berceau, comme si nous devions re-, trouver nos forcés rien qu'en touchant la terre là où iious l'avons foulée pour la première fois. . . —Monsieur, dit M110 Derville, en regardant le sous-chef de ses beaux yeux timides, je voudrais aller à Avranches... c'est là que je ... mais je ne sais pas le chemin pour y aller. —Ligne de Normandie : correspondance avec l'Ouest; à Tours, les voyageurs changent de 4train ; filer sur le Mans, Argentan, Alençon, Falaise; reprendre la ligne directe à Mézidon; quitter le rail à Carentan,et continuer la route par terre, service des Messageries, fit avec une volubilité de ciceronc le jeune homme qui, tout à coup, redevenait employé. Si mademoiselle le désire, je prendrai son billet, et la préviendrai quand il en sera temps. , — Oh 1 monsieur, que je vou£ serai donc obligée ! — Première classe ? continua le sous-chef, en examinant la toilette de voyage de MUo Derville, simple mais élégante.. .....