Extrait du journal

lait son sang. Le genre de la souffrance était changé, partant la Faculté pouvait se frotter les mains; qu’importe de mou rir du la jaunisse, quand l’art divin nous a guéri du mal de tète ! Au sein de ses préoccupations, la marquise pensait à ma rier son fils, devenu capitaine aux chasseurs d’Afrique ; et son ambition daignait à peine s’arrêter au premier rang de la noblesse européenne. Quel fut son effroi, en apprenant que le jeune marquis de Caudeuil voulait épouser une jeune Africaine «u’il avait vaillamment sauvée dans une razzia ! Quelle fut sa douleur en apprenant, de la bouche de son fils, que cette jeune Africaine s’appelait Médine d’Ulm, et qu’elle était la fille du baron d’Ulm, son premier mari. La douairière, vaincue par les prières de son fils, consen tit à ses désirs. Ce mariage fit grand bruit, le procès de 18... fut remis sur le tapis, on en parla partout ; un jeune en thousiaste, ami et frère d’armes du capitaine de Candeuil, fit un roman-feuillelen en deux gros volumes, intitulé Mé dine, qui eut un charmant succès de circonstance, grâce aux merveilleuses aventures de la délicieuse épouse du mar quis ; puis, chacun se tut sur cette histoire, pour jouer à la Bourse, chanter aux concerts, bavarder aux chambres, valser à deux temps et bâiller à l’Opéra... charmantes ré créations sans lesquelles notre machine terrestre ne saurait marcher long-temps. Lassée par les sottises qu’elle entendait dire de droite et de gauche, la marquise douairière se fixa en Russie ; et de sa résidence, elle continua de diriger ses hautes opérations financières. Quelquefois elle voyageait de l’une à l’autre de ses nombreuses propriétés, et c’est en avril 1845 qu’elle ar riva subitement au château de la Rochette, où son régisseur l’avait parfaitement oubliée....