Extrait du journal
FRANCE. PARIS, 15 DÉCEMBRE. le Globe énumère aujourd’hui, dans un long article, les fautes que les royalistes ont commises depuis 1789, et tout cela à pro pos du voyage de Londres. Il faut croire au moins que ce voyage n’est pas une faute, car les organes du pouvoir s’en préoccupent singulièrement. Maintenant, demandons au journal de M. Guizot quels sont les partis, quels sont les hommes en France qui n’ont pas fait de fautes depuis 89 ? Quand on veut juger les hommes il faut se reporter au temps où ils ont vécu, aux circonstances au milieu desquelles ils ont agi ; il faut preudie en considération les mœurs, les préjugés mêmes de l’époque ; nous tiendrions compte de toutes ces considérations si nous avions à juger les républi cains, les impérialistes, les orléanistes ; pourquoi nous refuser la même justice ? Mais si nous avons fait des fautes, n’avons-nous pas aussi rendu de grands services à notre pays ? Car, enfin, les royalistes sont pour quelque chose apparemment dans ce gourernemcot de la Restauration qui, malgré quelques fautes aussi, a cependant tiré la France d’une mauvaise position, et l’a portée il un point élevé d’honneur et de prospérité. Mais voyez l’imprudence du journal de M. Guizot, il accuse les royalistes d’avoir pris leur part de l’indemnité; a-t-il oublié que la famille d’Orléans ne s’est pas bornée, elle, à recueillir quelques parcelles de ce fameux milliard tant reproché à notre cause, a-til oublié que cette famille a prélevé, ù elle seule, la modique som me de seize millions. Il accuse encore certains royalistes d’avoir abandonné leur nom de fief dans l’Assemblée-Constituante; comptez donc ceux qui se sont élevés alors contre celte faiblesse ! Comptez surtout ceux lui, parmi les nombreuses victimes de la Terreur, sont morts uuiquement pour n’avoir pas voulu renier leur nom ! mais quelle Imprudence encore que ce souvenir ! Le G lobe ignore-t-il qu’il y eut de par le monde un général Egalité né pour porter un autre nom : un nom assez beau peut-être pour que l’abandonner fut plus qu’une faute. Toute cette violence est de mauvais goût, et si elle compromet quelqu'un, certainement ce n’est pas nous....
À propos
Publié d’abord sous le nom La Quotidienne en 1792, ce journal royaliste est l’organe principal de Joseph-François Michaud. Historien des croisades, ce dernier est d'abord républicain, puis devient royaliste par hostilité à la Convention. Ces revirements firent changer le journal de nom plusieurs fois durant la Révolution, l’Empire et la Restauration avant de retrouver, en 1814, son titre initial. En 1815, le journal devient la Feuille du jour.
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