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La Quotidienne, 17 décembre 1843

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La Quotidienne
17 décembre 1843


Extrait du journal

Le premier budget de la Restauration, pour 1815, comprend 618 millions pour les recettes, et 548 millions pour les dépenses générales ; il en résulte que, dès la première année, 70 millions peuvent être affectés à l’amortissement de la dette qui ne s’élevait alors qu’à 100 millions de rentes, et à des travaux d’utilité publi que. Cependant les grands services étaient assurés, et rien ne le prouve mieux que l’attitude de la France au dehors, après les revers et l’invasion qui précédèrent la Restauration. La légitimité, sans jactance, sans phrases à effet, par le seul ins tinct de justice et de dignité d’un gouvernement vraiment natio nal, réclame et obtient le rétablissement de cette royauté saxon ne qui fut la dernière alliée de l’Empire, et l’indépendance des drapeaux polonais qui se mêlèrent les derniers aux nôtres ; elle restitue à la France l’alliance américaine, celle de l’Espagne, de la Sardaigne, de la Suisse ; elle ranime la spéculation maritime et rend la sécurité au commerce intérieur. Voilà ce qu’a fait ia Restauration. Sans doute elle a commis des fautes dans cette première année, nous en convenons hautement, mais reconnaissons aussi le bien qu’elle a fait malgré ses fautes ; recoHuaissons que, loin d’ébran ler les intérêts, elle les a raffermis ; que loin de compromettre les existences acquises, elle les a respectées, et que loin d’augmen ter les charges publiques, elles les a considérablement réduites. Eu oubliant les injures, les crimes même dans un intérêt commun, en s’appropriant toutes les gloires, tous les talens, tous les noms estimés, en vivifiant par la confiance toutes les sources de la prospérité publique, en faisant le bien en dépit même des fautes de ses conseillers, la Restauration obéit à sa nature, comme la Révolution obéit à la sienne, lorsque, contenue même par un sen timent public de modération, elle déplace les hommes, alarme les intérêts, double les dépenses, et donne carrière à tous les abus, à toutes les mauvaises passions. Cependant qu’on se rappelle la position de la royauté et des royalistes en 1814 : vingt ans à peine s’étaient écoulés depuis que trois têtes royales avaient roulé sur l’échafaud; dix ans depuis qu’un Bourbon était tombé sous le plomb d’un assassinat juridi que ; des milliers (le condamnés de tout rang et de tout âge avaient péri, d’un côté étaient les juges, de l’autre les victimes; la propriété avait été bouleversée; la France avait tout entière changé de face; la génération nouvelle n’avait rien de commun avec l’ancienne; un abîme semblait s’être élevé entre la France et l’ancienne royauté, et cependant nous avons entendu un membre de la Convention, un directeur de la république, Carnot, s’écrier en 1814 : « Le retour des Bourbons produisit en France un en» thousiasme universel ; ils furent accueillis avec une effusion de » cœur inexprimable ; les anciens républicains partagèrent sincè» rement les transports de la joie commune. » Si la France était si joyeuse alors, c’est qu’elle avait la cons cience de cette vérité que nous venons de démontrer : si. les révo lutions ébranlent, les restaurations réparent et rassurent....

À propos

Publié d’abord sous le nom La Quotidienne en 1792, ce journal royaliste est l’organe principal de Joseph-François Michaud. Historien des croisades, ce dernier est d'abord républicain, puis devient royaliste par hostilité à la Convention. Ces revirements firent changer le journal de nom plusieurs fois durant la Révolution, l’Empire et la Restauration avant de retrouver, en 1814, son titre initial. En 1815, le journal devient la Feuille du jour.

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