Extrait du journal

FRANCE. PARIS, 17 DÉCEMBRE. Nous l’avons dit souvent, nous n’acceptons pas la solidarité des fautes de la Restauration ; mais nous n’acceptons pas non plus les reproches injustes adressé i aujourd’hui au seul régime qui ait vraiment iéalisé, parmi nous, l’alliance du pouvoir et des libertés publiques ; tous prêts à entendre le blâme fondé sur la vérité, nous repousserons toujours la critique fondée sur l’erreui ou la calomnie. On ne peut nier aujourd’hui l’effet produit en France par la révélation du caractère, des dispositions et de la haute Intelligence du duc de Bordeaux ; mais on se hâte de dire : Il promet, il ne tiendrait pas; Louis XVIII, Charles X ont promis et n’ont pas tenu ! Nous demanderons d’abord ce qu’avait promis Louis XVIII avant de remonter sur le trône de ses pères? Nous demanderons si la France même songeait à lui demander autre chose que la paix dont elle était avide et la réduction des charges dont elle était accablée ? Nous demanderons si la charte élaborée par le sénat n’était pas frappée d’impopularité, lorsque le roi promul gua celle qu’il avait méditée dans l’exil en vue des besoins de la France? Trouvez cette charte défectueuse, reconnaissez qu’elle laissa indéterminées de graves questions, mais reconnaissez aussi que, la veille de sa présentation aux chambres, il n’y avait rien, et que de ce jour seulement a daté l’ère de nos libertés. Napoléon lui-même, pour qui la dictature était, en 1815, une nécessité de circonstance, se soumit forcément au régime repré sentatif, et pourquoi ? parce que les Bourbons l’avaient rétabli, parce qu’il ne pouvait se dispenser de faire ce qu’ils avaient fait. Après les Cent-Jours, Louis XVIII se rattacha plus fortement en core à la loi fondamentale ; une mauvaise loi d’élection , dont les effets furent prévus par les royalistes, mit, durant l’administration doctrinaire, le pouvoir aux prises avec les libertés devenues une arme pour les passions nées des événemeus de 1815 ; mais la Res tauration ne perdit pas pour cela son caractère vraiment libéral ; il se manifesta hautement, au contraire, dans une occasion solen nelle, à l’ouvertnre de la campagne de 1823. On se rappelé les débats des chambres à cette époque de li berté ; on se rappelle combien la presse usa largement du droit d’attaquer, de dépopulariser même une expédition qui avait ce pendant pour but la prépondérance française eu Espagne. On se rappelle avec quelle liberté, elle put transformer nos succès en revers et notre modération eu violences. La presse et la tribune étaient libres, quand mourut Louis XVIII; qu’a-t-il donc promis qu’il n’ait pas tenu? Passons au gouvernement de Charles X; sou premier acte fut l’abolition de la censure facultative ; par là, il montre la pensée de son règne ; des lois impopulaires rendent la presse violente, mais elle reste libre dans l’exagération même de son opposition ; le projet de loi de 1826 contre la presse, projet refusé par les chambres, est moins rigoureux mille fois que la loi de 1835 ; en fin, arrive le ministère Martignac ; Charles X, quoiqu’on tn ait dit, voulait comme son ministère l’alliance du pouvoir et des li bertés ; il le prouva eu proposant aux chambres les lois départe mentales et municipales. Pourquoi l’opposition de gauche les at elle repoussées? Pourquoi a-t-elle contribué ainsi à renverser ne ministère, qui avait la confiance du pays? Alors, une réaction eut lieu dans les conseils de la couronne, le roi crut voir un dan ger pour le trône dans les prétentions d’une opposition, que les lois les plus libérales ne pouvaient satisfaire ; il fit des choix dan...