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La Quotidienne, 20 juin 1832

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La Quotidienne
20 juin 1832


Extrait du journal

fCE. PARIS, 19 JUIN. Préfecture de police, ce 19 juin 1852. A Monsieur le rédacteur de la Quotidienne. Monsieur, • gavais adressé d’abord la lettre suivante à mon vieil ami M. Berlin l’ainé. Je la lui ai fait redemander, pensant qu’elle pouvait contrarier quelques opinions qui malheureusement nous sépa rent en ce moment. j’ai recours, Monsieur, à votre bienveillance accoutumée, et je vous prie de publier demain cette lettre dans votre journal : elle explique clairement une position qu’une partie du public paraît n’avoir pas bien comprise, si j’en juge par les articles insérés dans divers journaux. J’ai l’honneur d’être. Monsieur, avec une considération très distinguée, Notre très humble et obéissant serviteur, Chateaubriand. Préfecture de police, ce 18 juin 1832. A M. Bertin aîné, rédacteur du Journal des Débats. J’attendais là. mon cher Berlin, votre vieille amitié (1); elle s’est trouvée à point nommé à l’heure de l’infortune. Les compa gnons d’exil et de prison sont comme les camarades de collège à jamais liés par le souvenir des joies et des leçons communes. Je voudrais bien aller vous voir et vous remercier ; je voudrais bien aussi aller remercier tous les journaux qui m’ont témoigné tant d’intérêt et se sont souvenus du défenseur de la liberté de la presse ; mais vous savez que je suis captif : captivité d’ailleurs adoucie par la politesse de mes hôtes. Je ne saurais trop me louer de la bienveillance et des attentions de M. le préfet de police et de sa famille, et j’aime à leur en exprimer ici toute ma reconnais sance. Une chose m’afflige profondément, c’est le chagrin que je cause àMme de Châteaubriand. Malade comme elle l’est, ayant autrefois souffert pour"hioi quinze mois d’emprisonnement sous le règne de la terreur , c’est trop de faire encore peser sur elle le reste de ma destinée. Mais , mon cher ami , la faute n’est pas à moi. On m’a mis , en m’arrêtant, dans une de ces positions fatales à laquelle on aurait peut-être dû penser. J’ai refusé tout serment à l’ordre politique actuel ; j’ai envoyé ma démission de ministre d’état , et renoncé à ma pension de pair : je ne puis donc être un traître ni un ingrat envers le gouvernement de Louis-Philippe. Veut-on me prendre pour un ennemi ? mais alors je suis un ennemi loyal et désarmé , un vaincu qui supporte la nécessité d’un fait sans demander grâce. Maintenant on m’appréhende au corps , et l’on m’interroge sur un prétendu crime ou délit poli tique dont je me serais rendu coupable. Mais si je ne reconnais fias l’ordre politique établi^ comment veut-on que je reconnaisse a compétence en matièr^ politique d’un tribunal émané de cet ordre politique ? Ne serait^ pas une grossière contradiction ? si je nie le principe, comment admettrais-je la conséquence? Mieux aurait valu tout bonnement prêter mon serment à la chambre des pairs. 11 n’y a point de ma part mépris de la justice, j’honore les juges et je respecte les tribunaux : il y a seulement chez moi per suasion d’une vérité et d’un devoir dont je ne puis m’écarter. Vous voyez que je n’argumente pas de l’illégalité de l’état de siège , illégalité flagrante : je remonte plus liant. L’état de siège est un très-petit accident à la suite de la grande illégalité pre mière, et cet accident est une conséquence forcée de cette grande illégalité. J’ai dit dans mes derniers écrits que je reconnaissais l’ordre so cial existant en France, que j’étais obligé au paiement de l’im pôt , etc., etc. j d’où il résulte que si j’étais accusé d’un crime social ( meurtre', vol, attaque aux personnes ou aux propriétés , etc., etc.), je serais tenu de répondre et de reconnaître la compé tence en matière sociale des tribunaux. Mais je suis accusé d*un crime politique, alors je n’ai plus rien à débattre, Je conviens néanmoins que , dans le cas où le gouvernement (1) Il s’agit de l’article publié dans les Débats sur l’arrestation de M. de Châteaubriand. (IV. du R.)...

À propos

Publié d’abord sous le nom La Quotidienne en 1792, ce journal royaliste est l’organe principal de Joseph-François Michaud. Historien des croisades, ce dernier est d'abord républicain, puis devient royaliste par hostilité à la Convention. Ces revirements firent changer le journal de nom plusieurs fois durant la Révolution, l’Empire et la Restauration avant de retrouver, en 1814, son titre initial. En 1815, le journal devient la Feuille du jour.

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