Extrait du journal
aux desseins de l’Angleterre. Ce n’est pas sans une pensée d’avenir que la Grande-Bretagne s’est déjà emparée du port du Passage ; ce port servirait d'ouverture a la contrebande de France, comme Gibraltar en sert depuis long-temps pour la contrebande d'Espagne. Quant à la liberté et à l’indépendance des Basques, elle s’eu soucie peu ; elle fera d’eux ce qu’elle fait encore des provinces Ioniennes : elle sera protectrice, comme Napoléon l’était de la confédération du Rhin ; elle sera média trice, comme l’Empereur s’était aussi déclaré médiateur de la Suisse , c’est-à-dire avec la domination la plus absolue et l'in fluence la plus souveraine. Maintenant, que lui importe que les Basques se divisent, se déchirent? Ce qu’il lui faut, à elle, ce sont des ports comme Saint-Sébastien et le Passage, c’est une population agile qui traverse les défilés des Pyrénées avec des ballots de marchandises marqués au coin des manufactures de Manchester. Si de tels projets, que nous croyons chimériques, venaient, contre notre attente, à se réaliser, voici quelle serait la situa tion de la France. Au nord de nos frontières, nous aurions, dans la Belgique indépendante, un peuple de contrefacteurs et de contrebandiers, peuple qui fait souffrir toutes nos indus tries. Au midi, dans la Biscaye , les manufactures anglaises trouveraient un dépôt. Les commerçans de Bayonne sont en mesure de nous dire tout ce qu’ils ont perdu en débouchés depuis le malheureux cordon des Pyrénées, et ce système mer veilleux en puérilités qui empêche le transport de nos mar chandises en Espagne, tandis que l’Angleterre l’inonde des siennes. Il est donc dans la destinée de la Révolution de juillet de blesser même les intérêts matériels. Et c’était pourtant, disait-on, pour leur satisfaction que cette révolution avait été faite? Espérons-le, l’Angleterre sera encore ici trompée. Elle peut avoir accès par ses intrigues et par son or auprès des cabinets et des nations corrompues, mais si elle se met aux prises avec les Basques et les Navarrais, avec ces hommes de vieilles mœurs, à l’aine noble et fidèle, qui, l’œil tourné vers Dieu, la main tendue vers le roi, trouvent plus facile de mourir que de trahir leur devoir; si elle cherche à pénétrer dans leurs mon tagnes, soyons en sûrs, l’Angleterre sera repoussée. Les pro vinces basques ont appris par la voix des siècles que leurs franchises grandirent avec la royauté qui les protégea et les secourut toujours; que du côté de Christine il y aurait des pro messes, mais vaines; des promesses dites de juillet. Le système qui se début â Madrid tend à niveler toute l’Espagne sous une loi commune, et, si ce système devenait fort, il retirerait bien tôt les concessions que la crainte lui aurait arrachées quand il était faible. Enfin, du côté de l’Angleterre, ce serait, si la Bis caye et la Navarre acceptaient le prétexte de sa médiation, abandonner la nationalité espagnole, ce serait faire ce que l'Espagnol a le plus en horreur, un pacte avec l’étranger. Loin de souffrir chez fui, l’étranger quel qu’il soit, il le chasse....
À propos
Publié d’abord sous le nom La Quotidienne en 1792, ce journal royaliste est l’organe principal de Joseph-François Michaud. Historien des croisades, ce dernier est d'abord républicain, puis devient royaliste par hostilité à la Convention. Ces revirements firent changer le journal de nom plusieurs fois durant la Révolution, l’Empire et la Restauration avant de retrouver, en 1814, son titre initial. En 1815, le journal devient la Feuille du jour.
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