Extrait du journal

vaincus, disaient-ils, le règne des bleus est arrivé. Mais point. Le gouvernement qui avait guidé les patriotes contre les chouans , se retourna alors contre les patriotes, voulant que bleus et blancs restassent soumis à son pouvoir. Les juges en bottes fortes et l’ar mée-gendarme furent appelés, et matèrent le patriote de Paris , comme ils avaient dompté le paysan de l’Ouest. Depuis cette épo que, bleus et blancs cheminent sous l’état de siège, voués aux tri bunaux exceptionnels, obligés aux instructions militaires, soumis au mot d’ordre de l’état-major. Le juste-milieu règne enfin. Que ce règne dure peu ou beaucoup, ce n’est pas ce dont il s’agit en ce moment. Que les patriotes eussent dû s’entendre avec les chouans plutôt qu’avec les hommes du milieu, nous ne le dirons pas.Que les deux partis ne^soient pas à bon droit décimés de com pagnie par l’autorité, nous nous garderons bien d’exprimer une telle pensée, à la face de M. le général, haut justicier de Paris, pour le passé et le présent sans conteste , et peut-être pour l’a venir. Mais il n’est pas défendu de chercher la notion du bon sens in dividuel, dans cette strâtégie savante des partis que l’on a décorée du nom d’histoire politique. 11 est permis de montrer où en est maintenant arrivée la manœuvre légale et extra-légale des affaires de gouvernement. Le monde politique est un monde à part, où il y a plus de sou plesse et de duperie qu’on ne pense. Eu général, contemplez ce monde, et vous verrez qu’il en est encore, pour les règles de con duite , à l’innocente moralité de l’apologue. Peut-être épargnerat-on les rigueurs de l’état de siège à ce palais diaphane où les anciens avaient logé l’allégorie. Une fable de La Fontaine pour rait bien être d’ailleurs la politique la plus explicite, qui se dût risquer aujourd’hui 3 et ce retour à la plus ancienne comme à la plus inoffensive des oppositions , celle d’Esope et de Phèdre ne saurait faire peur à ces officiers français qui nous jugeront peutêtre demain. Or ; un cheval eut alors différend Avec un cerf plein de vitesse ; Et ne pouvant l’attraper en courant, Il eut recours à l’homme , implorant son adresse. L’homme lui mit un frein, lui sauta sur le dos, Ne lui donna point de repos...