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La Quotidienne, 25 mai 1831

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La Quotidienne
25 mai 1831


Extrait du journal

échappe par sa fugacité à la mémoire qui s’efforce de la retenir , et, qu’insaisissable comme l’air où elle se joue , elle ne se laisse jamais emprisonner dans l’atelier. . Ces observations sont également applicables à deux autres pro ductions capitales du même artiste : la Procession du Pape et /’Ar restation des Princes. Le premier de ces tableaux, malgré sa grande fiuissance de couleur, et l’emploi de toutes les richesses de la paette, offre cependant trop d’analogie de ton avec le second pour qu’il rie soit pas démontré que le peintre a composé 1 un avec sa mémoire, comme l’autre avec son imagination. Il reste cependant quelques ou vrages dans lesquels on ne peut méconnaître l’influence de l’Italie sur le talent de l’artiste : nous voulons parler d’aboi d de la Judith, tableau sur le mérite duquel les avis sont partagés, parce qu’il est peut-être deux manières de le juger, en érudit ou en artiste ; sous le rapport de la pensée ou de l’exécution matérielle. Le premier point de vue ne lui serait pas favorable. Toutes les convenances du sujet sont violées ; ce n’est point cette veuve inspirée, préparée à sa mis sion par des macérations et des prières, restée pure en irritant la brutale passion de l’ennemi de son pays, et qui, levant le glaive ho micide, implorait le ciel avec larmes ; ce n’est point, enfin, Judith telle que nous la dépeint le livre simple et touchant qui porte son nom. C’est une audacieuse amazone dont le désordre plus qu’équivo que, le geste ridicule de férocité, l’intention toute matérielle, ne sug gèrent rien moins que des idées de mission sainte e* d’inspiration di vine. C’est Judith travestie d’après les bons mots de Voltaire et les vers impies d’un poète dont on n’ose même pas citer le nom. Quant au général des Assyriens, mieux vaut s’en taire, car à grand’peine trouverait-on des expressions pour en parler décemment. Mais si l’on abandonne ce point de vue élevé pour se placer à celui de l’artiste, les choses changent tout à fait de face. Le tableau se montre avec se; véritables qualités : expressions habilement contrastées et rendue* avec une rare énergie, modelé terme, ton chaleureux tout empreint de cette puissante coloration italienne, si riche quoique rembrunie, si harmonieuse malgré sa crudité. On sent que l’artiste s’est livré,...

À propos

Publié d’abord sous le nom La Quotidienne en 1792, ce journal royaliste est l’organe principal de Joseph-François Michaud. Historien des croisades, ce dernier est d'abord républicain, puis devient royaliste par hostilité à la Convention. Ces revirements firent changer le journal de nom plusieurs fois durant la Révolution, l’Empire et la Restauration avant de retrouver, en 1814, son titre initial. En 1815, le journal devient la Feuille du jour.

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