Extrait du journal

Les meneurs de l’intrigue orléaniste avaient espéré qu’ils pourraient substi tuer immédiatement un de leurs préten dants à M. le comte de Chambord, au moment de la retraite et de l’abdication prévues du roi légitime. Mais le fils de Mme la duchesse de Berry, qui se défie de ses cousins, a parlé de telle façon que ni le jeune prince à l’étreinte loyale, ni M. le duc d'Aumale n'oseraient accepter aujourd’hui la succession. Il faut donc gagner du temps, trouver une combinai son. Les meneurs de l’Intrigue orléaniste ont inventé la prorogation des pouvoirs de M. le maréchal Mac-Mahon. On tait quel est le projet adopté par le comité des Neuf et par M. le duc de Broglie, qui est le confident et l’inspirateur du comité des Neuf. Il s’agirait, d’abord, de fixer à dix ans la durée des pouvoirs de « M. le chef du pouvoir exécutif» : c’est le nouveau titre que donnent à M. le ma réchal les conspirateurs du cercle des Réservoirs,qui ne se sont point encore mis d’accord pour lui laisser ou lui ôter son titre actuel de « président de la Républi que ». Le projet de loi qui fixerait ainsi la durée des pouvoirs de M. le maréchal de Mac-Mahon serait présenté d’urgence; on essaierait de le faire voter d’urgence, avant la discussion de tonte autre loi cons titutionnelle, avant môme de laisser la Chambre décider si le gouvernement de la France est une République, une mo narchie, un stathoudérat, un maréchalat ou simolement « une dictature », comme dit M. de Gavardie, l'un des orateurs écoutés des conciliabules du Centre droit. On se demandera peut être pour quel m otif le ca blnet et les meneurs de l'intrigue orléaniste se hâtent ainsi de proposer la nomination d’un chef de gouvernement, d’un chef qui est déjà en possession du pouvoir, sans attendre le moment où l’on doit s’occuper des lois constitutionnelles, et sans permettre même que l'on délibère sur le nom et sur la forme du gouverne ment dont leur candidat serait le chef,dans tous les cas. Jamais on n’a rien vu de si bizarre. L’explication de cette singularité est cependant bien simple. Il faut songer que les meneurs de l’intrigue orléaniste, M. de Broglie et les autres ducs, ont besoin, pour obtenir la prorogation, des voix des légitimistes (car il reste des légitimistes), que l’honneur empêcherait de voter pour M. le maréchal Mac-Mahon, s’il était dé montré que celui-ci doit être président de...