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La République française, 1 janvier 1921

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La République française
1 janvier 1921


Extrait du journal

Il faut d’abord considérer l’an qui s’achève. Est-ce trop d’affirmer qu’il n’a pas apporté les satisfactions qu’on était en droit d’attendre après la victoire ? Les conditions essentielles du traite de paix n’ont pas même reçu un commence ment d’exécution. Les désastres de la pa trie demeurent sans réparations. Et les difficultés les plus graves d’ordre étranger ou d’ordre intérieur restent posées devant le pays. A qui s’en prendre ? Dans ces cas-là, il est toujours commode de s’en prendre au Parlement ou au Gou vernement. C’est d’eux que vient généra lement tout le mal. Franchement, nous ne pouvons pas, cette fois, accuser les repré sentants de l'a nation. Nous leur reproche rons seulement d'avoir mis un peu trop de lenteur à résoudre la question de la re prise des relations avec le Vatican. Cela pouvait être terminé dans cette année, avant les élections sénatoriales. Celles-ci, dégagées de la vieille obsession radicale, auraient, sans doute, exprime plus forte ment les sentiments de la nation. Ce serait un vrai malheur public si les élections du Suffrage restreint marquaient une opposition aux directions indiquées il \ a un an par Je Suffrage universel. Le Parlement, jusqu’ici, a traduit avec fidélité la volonté nationale. 11 s'est at taqué aux problèmes économiques avec résolution et il a manifesté peu de goût pour les intrigues ministérielles. Enfin, il a élu d’enthousiasme M. Millerand. Tout cela permet d’augurer pour la suite de la législature une ère de travaux féconds. Le mal qui subsiste vient d’ailleurs. Il découle naturellement des événements qui ont troublé l’univers entier. Chaque nation a son compte de misères, de difficultés et de craintes. Nous souffrons particulière ment, nous, des erreurs et des faiblesses de notre politique après la victoire. Ceci est le grand fait de l’année oui s’éteint : la démonstration est apparue de l’injustice et de l’incohérence du traité de paix. Nos alliés ont voulu et ont pu empêcher l’essor de la France victorieuse, par esprit de concurrence et d’envie. Pourquoi masquer de précautions oratoires cette vérité qui éclate aujourd’hui : nous souffrons d’un mauvais traité. L'Allemagne a trouvé un encouragement dans l’égoïsme des alliés de la France. Ses tergiversations ont rempli tous les mois de la dernière année. Nos représentants, eux, dépensent toute leur habileté et toute leur énergie à obtenir des alliés qu’ils tolèrent nos légitimes exi gences sans pour cela risquer de perdre leur appui. M. Millerand y était à peu près parvenu. M. Leygues ne semble pas moins attentif ni moins habile à appliquer cette ta et i uue. 11 nous plaît beaucoup de cons tater que dans ces derniers jours on an nonce l’adhésion des Anglais à notre plan d« représailles dans le cas où l'Allemagne éluderait encore ses engagements. Rece vons cette nouvelle comme un souhait de meilleure année. Mais, tandis que subsistent ces diffi cultés extérieures, un péril nouveau se lève au milieu de nous. Des Français se sont placés sous la tyrannie de quelques Moscovites qui naguère étaient encore les agents avérés de l’Allemagne. Déjà on nous promet des manifestations prochaines dans la rue. La situation économique dif ficile favorise l'exploitation de la crédu lité populaire. Devant tous ces dangers, une seule po litique, un seul mot d’ordre doit être pro clamé au seuil de l'année nouvelle : Union ! Union de tous les Français de bonne volonté, comme aux temps les plus tragiques de la guerre. En vérité, la guerre continue. Elle a été portée sur d’autres terrains, voilà tout. 11 n'est pas permis de désarmer son âme et de desserrer scs mains tant que la paix entière n’est pas rétablie. Nos querelles de parti apparaissent mi sérables devant les grands soucis qui pè sent encore sur»Ia nation. Le sacrifice de nos préférences ou de nos rancunes personnelles s’impose devant le devoir d’opposer un front solide aux assauts qui continuent. Citoyens, restons unis si nous voulons sauver les restes de lu victoire et fonder une paix réelle. L'année 11)21 sera bonne ou mauvaise — retenez bien ceci — selon que nous aurons plus du moins maintenu la paix et l’union parmi nous. LOUIS LATAPIE...

À propos

Face à une gauche qui ne parvient pas à contenir ses partisans, Léon Gambetta entend rassembler une majorité de républicains autour d’un nouveau quotidien, organe de l’Union Républicaine : La République française. Grand journal à 15 centimes, il consacre une part importante de son contenu aux nouvelles de province et joue un rôle considérable dans la victoire des républicains contre les conservateurs. La mort de Gambetta provoque de facto un infléchissement de la publication qui s’éteint lentement jusqu’en 1931.

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