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La République française, 31 décembre 1920

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La République française
31 décembre 1920


Extrait du journal

Une douzaine d’années au moins après la guerre de 1870, un jour que je traversais Berlin en revenant de SaintPétersbourg, le souvenir de ces paroles de Bismarck me revint lorsque j'en tendis dire que les Chambres Prus siennes étaient convoquées en séance plénière pour l’examen d’un projet de loi abrogeant dans leur rigueur celles du Kulturkampf. Celte nouvelle m’ins pira le vif désir d’assister à ces débats parlementaires et c’est avec la plus grande attention que je les suivis en prenant des notes que je retrouve au jourd'hui. Pendant les séances — il me semble que je les revois — rien n’était plus curieux pour moi que d’observer le géant Bismarck, armé de son immense crayon, notant au passage les argu ments à réfuter, exprimant et maîtri sant à la fois ses impressions, se dres sant tout d’un coup, parlant lentement, cherchant ses mots, les répétant par fois, sans intonation, sans mouvement oratoire, se balançant tout d’une pièce, tantôt se croisant les bras derrière le dos, tantôt les balançant d’une façon gauche et saccadée comme un paysan d’opéra-comique jouant l’embarras. Dès la première séance on disait que le projet du gouvernement ne comptait pas que des partisans. Le centre catho lique était seul considéré comme acquis au projet. L’opposition était très ardente, et ceux qui avaient été les soutiens les plus zélés et les plus dé voués de Bismarck pour le vote des lois organisant le Kulturkampf décla raient avec passion qu ayant voté les Lois de Mai ils ne pouvaient pas se dé juger et se voyaient moralement obligés de repousser le nouveau projet. La lutte semblait devoir être très vive. Après différents orateurs Bis marck prit la parole. Il commença par une légère remarque sur sa situation autrement difficile que celle des ora teurs qui l’avaient précédé et qui étaient en plein droit d’exprimer leurs opinions personnelles, tandis que sa position ministérielle à lui l’obligeait de subordonner ses idées à la raison d’Etat. 11 parla ensuite de la tentative faite par un certain parti voulant mêler aux débats le point d’honneur et répondit à leurs attaques par ces paroles: <; Transformer en une question v d'honneur celle qui nous occupe c’est v une preuve de ce qu’on peut faire <, croire à l’opinion publique. Dans les < conflits à l’intérieur, entre compa.. tri oies, l’honneur du gouvernement consiste à aimer la paix au lieu de » chercher les querelles. » Après en avoir fini avec ses adver saires, Bismarck commença à expliquer pourquoi il était amené à proposer une nouvelle loi détruisant celles de 1871 à 1875; les Lois de Mai, dit-il, n’ont été que des lois de combat précisément en vue d'affermir l’unité allemande, elles m’ont été inspirées par le souci du bien de l’Empire, par l’amour de la Patrie; aujourd’hui, ce sont les mêmes motifs qui me commandent une conduite contraire à celle qui avait été arrêtée à cette époque. Il est donc nécessaire à l’Allemagne de suivre une autre mé thode, — puisque celle qui l'a précédée a échoué complètement — et de rem placer la guerre par la paix. C’est bien à ce moment que j'entendis pour la première fois un homme d’Etat reconnaître qu’il s’était trompé. continua-t-il — si...

À propos

Face à une gauche qui ne parvient pas à contenir ses partisans, Léon Gambetta entend rassembler une majorité de républicains autour d’un nouveau quotidien, organe de l’Union Républicaine : La République française. Grand journal à 15 centimes, il consacre une part importante de son contenu aux nouvelles de province et joue un rôle considérable dans la victoire des républicains contre les conservateurs. La mort de Gambetta provoque de facto un infléchissement de la publication qui s’éteint lentement jusqu’en 1931.

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