Extrait du journal
les perd dès qu’ils la trahissent ; ils ne négligent rien pour lui plaire ; s’ils violent la loi, c’est en sa faveur ; s’ils ressusci tent l’arbitraire grossier de l’empire, c’est contre ses ennemis. Comment ces partis ne s’abuseraient-ils pas sur leur force ? Exclus de la place par l’opinion publique, comment ne se flatteraient-ils pas de s’en emparer, par force ou par ruse, lorsqu’ils y ont gardé tant d’intel ligences ? Nous sommes bien obligés de nous souvenir qu’il y a vingt-quatre ans, M. Thiers, abjurant son passé, se rapprocha tout à coup de ce parti qu’il lui arrive en core aujourd’hui d’appeler, avec plus d’euphémisme que de propriété, le parti religieux. Mais, en commettant cette faute politique et en donnant ce triste exemple, il ne songeait pas sans doute à livrer au clergé les intérêts civils de la société; â soustraire la France aux tradi tions de Montesquieu pour l’enchaîner à la politique de M. de Maistre. M. Thiers devait savoir, pour l’avoir vu à l’œuvre dès son entrée dans la vie politique, ce que c’est que le parti prêtre ; il ne devait pas ignorer que ses ambitions sont sans limites, que ses haines sont éternelles, qu’il croit n’avoir rie a tant qu’il n’a pas tout, et que, pour atteindre son but, il ne con naît ni mesure, ni honneur, ni patrie. M. Thiers a trop oublié cela depuis 1849. Il retrouve aujourd’hui le même parti ; il le voit, fier de ses progrès, travailler du même coup à abrutir et à asservir le pays ; il le voit ardent à s’emparer de la France par les deux bouts : en haut, par les classes riches qui se sont déjà livrées plus qu’à demi ; en bas, par les masses qu’il essaie de fanatiser à force de su perstitions et de miracles. Il pourrait le voir, s’il y regardait de près, préparer la guerre civile, et il l’entendrait déjà l’an noncer en pleine chaire. Nous suivons de l’œil ce travail, sans nous en inquiéter plus que de raison. Le désordre aurait éclaté plus d’une fois, si le parti républicain avait voulu rendre outrage pour outrage et défi pour défi. Il a résisté et résistera à toutes les provoca tions. Nous sommes sûrs de nos amis : dussent tous les préfets se joindre à tous les évêques pour l’irriter, la France ré publicaine ne changera pas de conduite ; elle restera ferme dans cette politique mesurée et résolue, dans cet esprit de légalité et de tolérance qui est celui de la République. Nous déclarons n’être pas aussi sûrs du parti clérical. La conni vence ou la faiblesse de l’administra tion, l’impunité des tribunaux, la faveur des états-majors et de la police, tout ce qui encourage ses entreprises, ses manifestations et ses complots, peut un jour pousser sa présomption jus qu’à l’ivresse. Il espère encore à cette heure, malgré tant de défaites, parce qu’il s’abuse sur la force que lui prêtent ses auxiliaires dans l’administration, et c’est pourquoi il met quelque mesure à ses fureurs ; mais il faudra bien un jour que l’illusion se dissipe. Nous ne répon dons pas que, tombé de si haut, aveu glé par la rage, abusé par l’empire qu’il exerce encore, le parti n’en vienne alors à tout oser. La responsabilité du gou vernement serait grande ce jour-là, car il aurait à rendre compte de son entête ment à maintenir ou à encourager, par sa faiblesse, une administration qui...
À propos
Face à une gauche qui ne parvient pas à contenir ses partisans, Léon Gambetta entend rassembler une majorité de républicains autour d’un nouveau quotidien, organe de l’Union Républicaine : La République française. Grand journal à 15 centimes, il consacre une part importante de son contenu aux nouvelles de province et joue un rôle considérable dans la victoire des républicains contre les conservateurs. La mort de Gambetta provoque de facto un infléchissement de la publication qui s’éteint lentement jusqu’en 1931.
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