Extrait du journal
rité, il vous le dit, Henri V ne veut pas être votre roi légitime et cependant vous comptiez sur lui 1 Au fait, y comptiezvous bien, et,n’avez-vous pas eu de tout temps la secrète et arrière pensée de le rendre impossible, pour passer la cou ronne à quelque prince qui veus plairait mieux ? On dirait qu’il a deviné en vous un tel projet. Comme il le déjoue ! Ce pieux chrétien sait ce que sont les baisers de Judas. Relisez le passage sur le jeune prince dont Henri de Bourbon a ressenti avec tant de bonheur iâ loyale étreinte et qui lui a porté, au nom de tous les siens, dès assurances de paix, de dévouement et de réconciliation. M. le comte de Cham bord ne doute pas des engagements du 3 août: aussi comme il les rappelle !... Et maintenant qui oserait ne point les tenir ? Ah I oui, cette lettre est curieuse. On ne saurait trop la lire et la relire : Henri de Bourbon y est tout entier. Comment l’a-t-il écrite si tard ? C’est la seule ques tion qu’il y ait à se poser. Car enfin, il devait bien savoir qu’il serait amené à l'écrire; il n’ignorait pas que, sous le couvert de son nom, on tramait ici, dans des conciliabules Indignes du roi de France et de son droit divin, une conspiration que tôt ou tard il serait forcé de désavouer. Pourquoi donc avoir différé si longtemps de parler haut et ferme, comme il vient de faire ? Hélas ! les princes, même de la plus noble race, sont princes, et ils sont astreints aux dures et impitoyables nécessités de leur métier. Henri de Bour bon —- pourquoi ne pas le dire? — a longtemps espéré que cette majorité qu'on lui promettait de toutes parts, arriverait à se former. Lui aussi, à de certaines heu res, il s’est bercé de cette pensée qu’il rentrerait en France, désiré par toute la nation, rappelé par la Chambre la plus monarchique que le pays ait con nue depuis quatre vingts ans. Les élec tions du 8 février étalent un coup de la Providence : on apercevait dans tous les événements le doigt de Dieu. Telle est cependant l’aversion insurmontable qu'inspire à la France l’ancien régime dont le spectre a paru la menacer, que cette majorité en espérance s’est évanouie avant même que de naître. Et alors Henri de Bourbon a compris que son heure n’était pas encore venue, et il s’est décidé avec autant de fermeté que de hautenr à différer le moment où il pour ra, selon les desseins éternels de la di vine Providence, accomplir la mission qui lui est dévolue. Car il se réserve, même en ayant l’air de tout sacrifier à ses principes et à son dra peau. Il ne perd pas sa foi en ses desti nées. On dirait qu’il compte sur quelque coup inattendu du sort. Pour la pre mière fois peut-être, M. le comte de Cham bord quitte son rôle de roi paternel pour prendre celui de sauveur des na tions. La France de nos jours, et l’histoire regretteront pour lui qu’il n’ait pas dé daigné d’emprunter à l’homme fatal du 2 Décembre des Idées et un langage qui rappellent l'événement le plus néfas te de notre histoire intérieure. M. le cemte de Chambord voudrait-il faire ap pel à la force ? Il est bien rare que, dans les guerres civiles, la force accompagne la justice, et dans ces convulsions terribles, nui ne sait qui triomphe, i Mais non, nous ne serons pas,’ du fait d’Henri de Bourbon, soumis à une telle épreuve. La France, nous dit-il, ne peut pas périr. Cette confiance invincible dans les destinées de la nation que nos ancê tres ont faite avec les siens, est désormais tout ce qui le rattache à nous. Il suffit de ce lien de patriotisme, et c’est assez de cette religion de la France pour que le der nier descendant de nos anciens rois reste uni à son pays et y conserve le respect qui sera toujours payé avec usure à un prince que son éducation et son exil, en core plus que les préjugés de sa naissance, nous ont rendu étranger, mais qui, du moins, a su conserver loin de nous les premières et les plus nobles des qualités de notre race, la franchise et le courage....
À propos
Face à une gauche qui ne parvient pas à contenir ses partisans, Léon Gambetta entend rassembler une majorité de républicains autour d’un nouveau quotidien, organe de l’Union Républicaine : La République française. Grand journal à 15 centimes, il consacre une part importante de son contenu aux nouvelles de province et joue un rôle considérable dans la victoire des républicains contre les conservateurs. La mort de Gambetta provoque de facto un infléchissement de la publication qui s’éteint lentement jusqu’en 1931.
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