Extrait du journal
On dit que la lettre d’Henri de Bourbon a causé la plus vive surprise, surtout dans le monde royaliste. Les fidèles du Roi seraient ils les seuls des Français qui fussent ignorants à la fois et des opinions du pays, et des principes de leur maître? La France, elle, ne s’est jamais trompée. Pour elle, Henri de Bourbon, c’était et c’est encore l'ancien régime. Non pas l’ancien régime avec son cortège historique de cor vées,de servitudes,de misères et de hontes; mais l’ancien régime qui fatalement se trouverait en lutte avec les idées et les besoins, avec les droits et les tendances de la France moderne. On n’a pas cru au retour du droit de jambage, mais on a redouté les empiétements inévi tables du cléricalisme ; on n’a pas pensé que, dès le retour d Henri V, le pays serait ramené à la glèbe, mais on a été effrayé à l’idée de savoir les destinées de la France remises entre les mains d’un homme que la France ne con naît pas, et qui pourrait abuser des pré tendus droits qu’il croit tenir de sa nais sance. Voilà la vérité. La France veut s'ap partenir à elle-même, et ne veut plus être à la merci d’un maître, fût-il issu de la plus noble lignée de l’univers. C’est pour cela qu’elle est républicaine, et que toute restauration monarchique excite en elle un insurmontable mouvement de répul sion et d’effroi. De son côté, Henri de Bourbon ne peut être que le Roi qu’il a, pour ainsi dire, appris à être. Il a de son rôle, de sa mis sion royale, une idée très fausse, sans doute, mais très entière, très haute et même très hautaine. Il ne veut pas être le roi légitima de la Révolution ; il ne veut pas inaugurer un règne réparateur et fort par un acte de faiblesse; il ne veut pas être amoindri aujourd’hui pour être impuissant demain; il ne veut pas tromper la France. A la vérité, il sent bien qu’il e:t méconnu, et c’est pourquoi il se révèle tel qu’il est. Eh bien ! non, il n’était pas méconnu. La France savait et sait encore ce que serait la royauté d’Henri de Bourbon. Aussi quelle unanimité dans l’opinion publique pour la réprouver! On ne refuse pas l’estime à l’homme; on a horreur du prince. C’est là le côté tragique de la des tinée du dernier représentant du principe monarchique parmi nous. L'histoire devra noter ce trait particulier de cette curieuse existence.Le prétendant Henri de Bourbon a tenu son riVc jusqu’au bout. Mais la France aussi est restée fidèle à elle-même. C’est elle qui a sauvé véritablement ses principes, ses droits et ses libertés. C’est elle qui, tout entière levée, a tenu tête au spectre de la monarchie. Tous les Fran çais de toutes les c'asses se sont trouvés réunis dans un sentiment et dans un t ifurt communs. Le commerce et l’in...
À propos
Face à une gauche qui ne parvient pas à contenir ses partisans, Léon Gambetta entend rassembler une majorité de républicains autour d’un nouveau quotidien, organe de l’Union Républicaine : La République française. Grand journal à 15 centimes, il consacre une part importante de son contenu aux nouvelles de province et joue un rôle considérable dans la victoire des républicains contre les conservateurs. La mort de Gambetta provoque de facto un infléchissement de la publication qui s’éteint lentement jusqu’en 1931.
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