Extrait du journal

— Après tout, dit-il, elle est ma fille... et je puis encore veiller sur elle. Si elle tourne mal, eh bien, tant pis. Mais il y a bien des degrés dans lo mal... Il y a des nuances. —Je dois la f ire profiter... la faire profiter... — Il s’arrêta de nouveau, regardant vaguement son ex-élève qui commençait à le soupçonner de n’avoir pas tout à fait sa tête, — ...la faire profiter de mon expérience. — De votre expérience ? demanda New man étonné ; quelle expérience ? — Mon expérience des affaires, dit l’autre d’un ton grave. — Aji ! oui ! s’écria Newman en écla tant do rire, ce sera, en effet, pour elle un grand avantage! — Allons, adieu, monsieur Nioche. Il tendit la main au pauvre vieux fou. M. Nioche la prit, et la retint un moment dans les siennes, en s'appuyant contre le mur : — Vous croyez que mes facultés bais sent, n’est-ce pas? dit-il... Peut-être. Je sens toujours une douleur dans la tctc. C’est ce qui m’empêche de vous dire... de vous expliquer... Et puis, elle est si forte, ma fille ! — Elle me fait marcher comme un tonton, comme elle veut. — Mais cela ! cela ! Il s’arrêta encore, regardant tou jours Newman fixement. Ses yeux bril laient d’un éclat étrange. On aurait dit ceux d’un chat dans l’obscurité. — Ah ! co n’est pas ce que vous croyez. Je ne lui ai pas pardonné, oh ! non! — Vous avez raison. Ne lui pardonnez pas. — C’est bien dur pour vous ! — C’est horrible!... c’est terrible, conti nua M. Nioche. Tenez, voulez-vous savoir la vérité? Je la hais ! J’accepte co qu’elle me donne, et je la hais encore davantage. Aujourd’hui elle m’a apporté trois cents francs. Ils sont là, dans la poche de mon gilet. Eh bien, je la hais presque féroce ment. Non, je ne lui ai pas pardonné ! — Pourquoi acceptez-vous l’argent ? — Si je ne l’avais pas pris, je T’aurais...