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La République française, 3 novembre 1872

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La République française
3 novembre 1872


Extrait du journal

Los monarchistes font bonne garde autour de l’administration actuelle. Parle-t-on d’y porter la main, aussitôt les estafiers de la faction apostés dans la presse éclatent. Ils crient à ceux qui demandent quelque changement : Vous voulez des places ! Si le gouvernement se décide de guerre lasso à renvoyer quelque fonctionnaire perturbateur, ils l’ajournent au retour de l’Assemblée et le menacent de ses colères. Des places ? Qu’est-ce que le parti répubhcain pour rait en faire maintenant ? Le gouverne ment peut les donner à qui lui plaît, pourvu que ce ne soit pas à des agents de provocation et de conspiration. Quant aux colères des monarchistes, nous n’i maginons pas qu’elles soient faites pour l’intimider. De toutes les raisons de conserver une administration qui trouble et inquiète le pays, la crainte de déplaire à des partis si hautement repoussés par l’opinion se rait la plus mauvaise. S’il arrivait qu'un parti parlementaire eût partout dans l’ad ministration ses agents, hostiles au gou vernement et que le gouvernement ne pourrait oü n’oserait déplacer, ce serait la confusion des pouvoirs. Le gouverne ment a la responsabilité; il faut qu’il ait la liberté. Quelle est donc après tout aujourd’hui la situation du gouvernement à l'égard de la faction qui prétend garder la haute main dans l’administration? Les députés monarchistes et cléricaux, nommés il y a deux ans dans un jour de surprise, ne pouvant se dissimuler leur vice d’origine et s’apercevant trop bien, dès que l’As semblée est réunie, de l’impopularité at tachée aux idées qui semblent y domi ner, cherchent un nom qui puisse cou vrir leurs desseins et leur servir de rempart contre la réprobation du pays. Ils trouvent M. Thiers et le portent au pouvoir. Puis, tandis qu’ils s’enfoncent dans leurs intrigues, le pays reprend ses esprits, il se prononce contre toute mo narchie et pour la République. Alors, M. Thiers, sollicité de s’engager à la suite dus factions dans une lutte sans issue contre la volonté de la France, résiste; il prête l’oreille et finit par se rendre à la voix de l’opinion. A partir de ce moment, c’est dans les factions monarchiques qu’il rencontre ses ennemis; c'est dans la con formité de sa politique à la volonté du pays qu’il puise sa force, c’est par elle qu’il dure. Que doit-il donc aux monar chistes de Février, et pourquoi resterait-il à leurs ordres ? II so peut qu’en donnant le pouvoir à M. Thiers, les factions monarchiques et cléricales aient cru s’assurer un auxiliaire ou même un instrument. Il se peut encore qu’elles aient obtenu de lui des paroles auxquelles il leur a plu d’attacher la va leur d’un engagement. Nous n’en savons rien, et nous nous soucions peu de con naître le mystère de pareilles négocia tions. Ce qui est certain, c’est que, si ces négociations ont eu lieu, les négocia teurs se sont trompés de date. Le pays, dont on trafiquait ainsi, s’est chargé de déranger ces belles combinaisons. Il n’a pas même attendu que la guerre civile, amenée par la guerre étrangère, fut ter minée pour donner son avis dont on ne s’était pas soucié, et pour frapper de nullité ce traité conclu sans lui et contre lui. Il paraît que M. Thiers l’a compris, puisqu’au lieu de se prêter aux arrange ments des monarchistes, il les a combat tus, puisqu’il a reconnu non-seulement l’existence de la République, mais sa nécessité et son droit, puisqu’enfin il s’est incliné devant une souveraineté un peu plus indiscutable que celle des monarchistes-cléricaux de Versailles, la sou veraineté du pays. Aussi combien de fois M-Thiers a-t-il eu à déjouer les embûches qu'ils lui tendaient ! En essayant aujourd’hui de l’attirer à eux, tout le monde sait qu’ils lui en préparent de nouvelles. Pourquoi donc souffrirait-il plus longtemps que ces partis, qu’il est forcé de combattre dans l’Assemblée, administrent la France sous son nom ? Ce serait de sa part une étrange contradiction, car ne sait-il pas que le moyen de les réduire dans F As semblée est de les désarmer dans le pays ? Il y aurait aussi là beaucoup de faiblesse; car de quel droit un parti, dont la France répudie plus nettement les prétentions d’élection en élection, maintiendrait-il dams tous les postes ses agents, comme pour défier l’opinion ? Et) de quel droit le gouvernement irait-il, pour faire taire les cris de ces adversaire^ leur donner la France comme un, os àj ronger? Il se ferait d’ailleurs une grande...

À propos

Face à une gauche qui ne parvient pas à contenir ses partisans, Léon Gambetta entend rassembler une majorité de républicains autour d’un nouveau quotidien, organe de l’Union Républicaine : La République française. Grand journal à 15 centimes, il consacre une part importante de son contenu aux nouvelles de province et joue un rôle considérable dans la victoire des républicains contre les conservateurs. La mort de Gambetta provoque de facto un infléchissement de la publication qui s’éteint lentement jusqu’en 1931.

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