Extrait du journal
goûts du lord, son maître, il choisit les vins que le lord boirait, ce soir-là, et il eut bien soin de s’arrêter aux plus fins, aux plus capiteux, à ceux qui grisent le plus vite un homme et le changent en une bête qui n’a plus rien d'un être pensant. En même temps, fl avait, pour le dessert, commandé un orange de Malte, morceau exquis, pièce friande, mais dans laquelle il avait trouvé moyen d introduire du poison. Or, au bout d'une heure, après qu'on s’était mis à table, l’un étant ivre mort, comme on dit, et l’autre s'entêtant dans l’idée de son crime, tous deux s’étaient simultanément empoisonnés avec cet’e orange, ainsi qu’on l’a vu plus h#tut. Pourtant quelques lueurs de raison avaient indiqué à lord Dumbar le dan ger qu'il avait à courir. Vers minuit, en se sentant défaillir, le comte avait voulu appeler. Mais il était trop tard et les forces lui manquèrent II tomba donc comme était tombé Edgar en poussant de sourds gémissements. — Je brûle! s’écriait-il. J’ai la poi trine en feu ! Au secours ! A l’aide ! — Je vais mourir, murmurait l’au tre, mais, Dieu soit loué, l’ivrogne va mourir avec moi ! 11 n aura plus à serrer Lucy entre ses bras ! Ce fut en ce moment qu’arriva Joe et qu’avec l’aide de ses camarades il enfonça la porte. Quant à Lucy Hawkins, elle n’avait pris en rien part à cette scène. On en tendit le cocher qui l’avait conduite au cottage de son père. Suivant la dépo sition de cet homme, tout le long du chemin, la jeune femme n’avait pas cessé de faire entendre des plaintes à demi étouffées. C'étaient des tronçons de monologues, des mots sans suite, des Interpellations adressées à un absent : « — Edgar, vous ne ferez pas ce que vous dites 1 Non, il ne faut pas que le lord meure ! Tout ce que vous voudrez, Edgar, mais pas ça ! Non, pas de poison, je vous en conjure ! Certainement, je t’aime, mon Edgar, mais, du jour où cela serait, je ne t’aimerais plus... Non, non, au con traire, je serais capable de te haïr, Edgar! Non, non, ni cela, Edgar, ni...
À propos
Face à une gauche qui ne parvient pas à contenir ses partisans, Léon Gambetta entend rassembler une majorité de républicains autour d’un nouveau quotidien, organe de l’Union Républicaine : La République française. Grand journal à 15 centimes, il consacre une part importante de son contenu aux nouvelles de province et joue un rôle considérable dans la victoire des républicains contre les conservateurs. La mort de Gambetta provoque de facto un infléchissement de la publication qui s’éteint lentement jusqu’en 1931.
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