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La République française, 9 novembre 1873

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La République française
9 novembre 1873


Extrait du journal

qu’on leur offrait pour refuge, sans com promettre leur honneur, sans s’exposer à perdre le respect qu’on ne leur refuse pas. Quelqu’un a qualifié, dans la discus sion des bureaux, le projet Changarnier de loi de regret ; les légitimistes présents ont reconnu que le mot était vrai. Lors qu’ils s’y sont associés, le sentiment a devancé alors chez eux la réflexion ; ils n’ont pas obéi à une conviction raisonnée, mais à l'entraînement d’une aveugle espérance. Ils s’aperçoivent déjà que ce m’est pas une loi de regret, mais une loi de déception. Derrière la dictature de M. Mac-Mahon, ils voient s’agiter encore la longue intrigue orléaniste dans laquelle ils sont enlacés depuis au moins trois mois. Ils ressentent, à l’heure qu’il est, au tant que nous, la satisfaction d’un échec qui leur rend la liberté d’action, sans laquelle il n’y a pour les partis ni avenir, ni dignité. Nous ne pouvons, en ce qui 1 nous concerne, nous abandonner à cette . satisfaction, sans nous demander ce que l’Europe politique pense du spectacle qui lui est donné par les auteurs du projet. L’Europe voit la France dévouée à l'or dre, acharnée au travail, animée du plus sage esprit de légalité, impatiente de ré parer ses ruines, d’oublier ses colères et d’échapper aux rivalités des partis, mais en même temps avide de liberté et résolue à ne pas ajouter à tant d'amertumes cette dernière honte de renier son passé, ses plus glorieuses luttes, et de se laisser remettre sous le joug. 11 n’est pas une puissance où l’on ne sache gré à la France de cette conduite et où on ne lui rende justice. Mais l’Europe voit aussi s’agiter obstinément dans notre pays un parti prétendu conservateur dont chaque entreprise trahit l’incapacité, atteste l’é tourderie, qui ne laisse au pays aucun re pos et qui, s’arrogeant le nom de parti li béral et parlementaire par excellence, n’hésite pourtant pas à précipiter la France, en pleine paix, par pur égoïsme, dans la dictature militaire. L’Europe, en les voyant, les juge ; elle sait, grâce à eux, de quel mai nous souffrons. L’ambition de quelques uns, leur esprit d’intrigue égal à leur incapacité, est la cause princi pale de nos agitations. Heureusement un pareil mal n’est pas incurable....

À propos

Face à une gauche qui ne parvient pas à contenir ses partisans, Léon Gambetta entend rassembler une majorité de républicains autour d’un nouveau quotidien, organe de l’Union Républicaine : La République française. Grand journal à 15 centimes, il consacre une part importante de son contenu aux nouvelles de province et joue un rôle considérable dans la victoire des républicains contre les conservateurs. La mort de Gambetta provoque de facto un infléchissement de la publication qui s’éteint lentement jusqu’en 1931.

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