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La République française, 11 avril 1909

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La République française
11 avril 1909


Extrait du journal

UNE NOUVELLE ÉMEUTE lia jacquerie dans l'Oise {De noire envoyé spécial) L’effervescence renaît à Méru. — Scènes d’émeute et de violence. — L’arrivée des troupes. — Une charge à la gare de Méru.— La terreur dans le Pays Méru, 11 avril Le conflit mal apaisé de la boutonneric de l'Oise renait et menace d'être plus vio lent que jamais. Amsi que nous l’avions laissé prévoir, l'œuvre d’apaisemtent dont M. Meunier, préfet de Beauvais,était si lier, a été de courte durée. La nuit dernière, les grévistes et les gens sans aveu qui se sont mêlés à eux ont recommencé les scènes de vandalisme et de sabotage qui semèrent., il y a quelques semaines, la terreur dans cette contrée de Méru, désormais inquiète et attristée. Dès notre arrivée à Méru, nous avons essayé d'obtenir quelques renseignements sur les violences de l’avant-dernière nuit, dont nous parlons d'autre part. Elles dé passent en iniquité de que les premières dépêches des agences avaient communiqué. C’est à la suite d’une réunion tenue dans la soirée à Lormaison, comme l’on sait, réu nion où le gréviculteur Marck, de la C.G.T., avait pris la parole, que les grévistes, af fectant tout d'abord de quitter le village, sont revenus, mettant à sac en premier lieu les maisons de Peurs camarades qui, de puis le début de la grève, n’avaient pas quitté les usines où ils sont employés. A coups de pierres, toutes les vitres de ces maisons d’ouvriers ont été brisées, tan dis qu’affolés les habitants se réfugiaient où ils pouvaient, cherchant un abri contre la pluie de pierres qui s'abattait sur eux. Un cafetier, M. Dupré, qui commit l’imprudtence d'ouvrir sa fenêtre à ce moment, fut aussitôt lapidé, et deux coups de revol ver furent tirés contre lui, heureusement sans l’atteindre. Les grévistes prétendent ici que M. Du pré fit feu le premier ; nous ne saurions ni infirmer ni confirmer le fait ; mais l'en quête aussitôt ouverte par le procureur de la République de Beauvais, M. Magnien, a prouvé qu’une balle au moins était venue 'effleurer la fenêtre du cafetier . Tournant cependant leur funeste colère contre les usines de MM. Troisœuf et Tabary, tous deux fabricants de boutons, au nombre de trois cent cinquante 'environ, les grévistes mirent à sac les deux ateliers. Tous les carreaux ont été brisés, les ma chinées sabotées, les courroies de transmis sion coupées, les marchandises jetées au vent. Une usine pillée Mais là se sont bornés les déplorables ex ploits de ces forcenés qui, de Lormaison, poursuivant leur route jusqu’à Saint-Cré pin, vinrent se ruer contre l’usine de MM. Doudelle fils, qu’ils ont mise au pillage. A l’aide d’une poutre énorme dont ils se servirent comme d’un bélier, les grévistes ont enfoncé la grille d’entrée qui fut en par tie arrachée et jetée à terre, puis pénétrant dans l'usine, très coquette, ils firent pleuvoir les pierres dru comme grêle. On a trouvé de ces pierres partout. La sal le à manger des fils Doudelle en était pleine, le lit de la bonne qui heureusement n’était pas là, également. Défonçant les portes, ils s’introduisirent ensuite dans les magasins, jetèrent dans la coui des piles de boutons qui vinrent s’épar piller sur le sol sur une longueur de six rr êtres environ, brisèrent tout à la machine rie, puis à une heure du matin tout ayant été saccagé, s'en furent au chant de l’Znfernalionale. I es fils Doudelle qui prévenus des dégra dations qui s’étaient commises à Lormai son, s’étalent enfuis chez des voisins,purent alors se rendre compte des ravages dont ils venaient d’être victimes, tandis que la co lonne des manifestants regagnant les villa ges avoisinnants, coupait les lignes télégra phiques et téléphoniques reliant Lormaison à Saint-Crépin et renversait les poteaux. Prévenu, le préfet M. Meunier arrivait...

À propos

Face à une gauche qui ne parvient pas à contenir ses partisans, Léon Gambetta entend rassembler une majorité de républicains autour d’un nouveau quotidien, organe de l’Union Républicaine : La République française. Grand journal à 15 centimes, il consacre une part importante de son contenu aux nouvelles de province et joue un rôle considérable dans la victoire des républicains contre les conservateurs. La mort de Gambetta provoque de facto un infléchissement de la publication qui s’éteint lentement jusqu’en 1931.

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