Extrait du journal

— J’en connais une, — les autres sont de nouvelles recrues probablement, ou bien des promotions... Noirmont s’était levé négligemment: — Vous ne venez pas ? dit-il a Lu cien, qui restait assis, battant la table du bout de sa canne. Le jeune homme hésita un instant. — Non. merci, dit-il comme à regret ; je suis attendu chez moi. — Alors, au revoir, fit Noirmont, qui le salua et s’éloigna. Une demi-seconde ne s’était pas écou lée que Romanet se repentait d’avoir re fusé. Pourquoi n’avait-il pas suivi son compagnon ? Quelle fausse honte l’avait retenu? Après tout,on rencontre de telles femmes partout sans que cela tire à con séquence? On les rencontre d’autant plus qu’il est impossible de les éviter. Lucien s’était plus d’une fois trouvé dans quelque atelier auprès d’une belle demimondaine, venue pour voir Je tableau d'un ami... Quelle pruderie ridicule l’a vait saisi maintenant? 11 sc leva, assez maussade, ne sachant à qui s’en prendre de sa mauvaise humeur. Pour regagner la route, il devait passer à peu de distance du groupe nouveau-venu où Noirmont avait été déjà rejoint par plusieurs hommes de sa connaissance. Son refus recent l'ennuyait, et il s’en voulait d’être ennuyé pour si peu de chose. L'horloge sonna sept heures ; il fallait se décidera rentrer cependant; Lucien prit son parti, et se dirigea vers la porte de sortie sans presser le pas. Au moment où il passait à portée de la voix, une de ces femmes le dévisagea attentivement et il entendit demander dans le groupe : — Qui est-ce ? — Lucien Romanet, répondit Noir mont sans baisser la voix. v Le jeune homme continua son chemin...