Extrait du journal
belle affaire ! M. Millerand « et ses amis » — M. Clémenceau en est-il ? — ne s’arrêtent pas à ces bagatelles. Iis combattront avec la même énergie le général qu’ils ont inventé et ceux qui ont les premiers dénoncé ce mal faiteur! Périsse la République plu tôt que de faire taire, pendant une heure, les haines des coteries ! Je ne trouve pas de condamnation assez sévère pour de pareilles paroles : elles sont détestables, elles appellent l’indignation et la colère de tous les républicains, elles ne réjouiront que nos pires ennemis. Mais, si je ne sais pas de réprobation assez dure pour de telles excitations, je sais qu’elles n’empêcheront pas ceux qui savent où est le devoir de faire leur devoir jus qu’au bout. Or le devoir est de fer mer le livre des récriminations et,bri sant le moule des vieux partis usés, d’opposer à l’ennemi commun l’armée unie des défenseurs de la Constitution et de la Liberté. Est-ce à dire qu’en proposant, en observant et en faisant respecter cette trêve du Centenaire, nous devions renoncer les uns et les autres à nos idées, à nos doctrines propres ? Cette sottise n’est pas venue à la pensée de M. Maret plus qu’à la mienne. M. Maret ne me demande convertir à l’autonomie et je ne demande pas de souscrire à la statue de Thiers. Dans son dernier discours de l’Asso ciation nationale républicaine, M. Jules Ferry rappelait le mot admira ble de Michelet sur la nature qui réa lise la variété dans l’unité : qu’il en soit de même du parti républicain ! La diversité n’est pas un mal ; j’in cline même à croire qu’elle est un bien, mais à condition qu’elle contri bue et non qu’elle porte atteinte à l’unité supérieure. Cette union de tous contre les factions qui montent de toutes parts à l’assaut de la Ré publique, contre cette Ligue du mal public que forment la réaction et la boulange, il faut être aveugle ou fou pour n’en pas comprendre la né cessité impérieuse ! Et c’est cette trêve à peine conclue, cette trêve in dispensable, que l’on dénonce ! M. Boulanger s’est fait interviewer avant-hier, à Londres, par un repor ter du Gaulois. Cet interview, qui est du plus haut comique, est également des plus instructifs. M. Boulanger, en allant à Londres, comptait y être le lion de la season : comme il a trouvé toutes les portes fermées devant la bande de divorcés qui compose sa cour, il déclare que, s’il n’a pas été ce lion, c’est qu’il n’a pas voulu l’être et qu’il s’est imposé, ô sainte Mous seline! une extrême réserve ; ii n’ai me pas les raisins verts!... Mais M. Boulanger affirme aussi qu'il rentrera à Paris en vainqueur après les élec tions d’octobre. Il dit cela, sans doute, au même rédacteur à qui il avait pro mis qu’il ouvrirait l’Exposition en personne. Mais pourquoi M. Boulan ger n’a-t-il pas présidé aux fêtes du Centenaire ? Parce que, depuis quel ques mois, le parti républicain a su rester uni et compact contre l’ignoble menace de dictature. Pourquoi M. Boulanger se flatte-t-il de revenir en maître à l’automne prochain ? Parce que M. Boulanger est persuadé que, le péril passé, nous nous moquerons du saint qui nous aura sauvés et que nos divisions inévitables lui rouvri ront la brèche... Et nous suivrions les conseils de discorde qu'on nous donne, d’un cœur léger, avant même que le péril soit passé ! nous commet trions l’ineptie et le crime de retom ber dans le panneau ! Eh bien! non, nous n’y retombe rons pas! Non, nous ne nous laisse rons pas détourner de la voie droite et sûre du devoir républicain! Des uns et des autres, qui avait raison, qui se trompait hier et avant-hier? Il est bien évident que, les uns et les autres, nous restons plus ou moins persuadés — je dis moins pour ceux qui n’ont pas la prétention saugre nue de se croire infaillibles — que c’est Y autre qui a eu les plus grands torts. Mais comme nous sommes, les uns et les autres, également con vaincus que nous ne convertirons pas le voisin, à quoi bon en disputer?...
À propos
Face à une gauche qui ne parvient pas à contenir ses partisans, Léon Gambetta entend rassembler une majorité de républicains autour d’un nouveau quotidien, organe de l’Union Républicaine : La République française. Grand journal à 15 centimes, il consacre une part importante de son contenu aux nouvelles de province et joue un rôle considérable dans la victoire des républicains contre les conservateurs. La mort de Gambetta provoque de facto un infléchissement de la publication qui s’éteint lentement jusqu’en 1931.
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