Extrait du journal

ter le fond des tiroirs... Joignez à ces frais essen tiels les obligations professionnelles, punch aux nouveaux camarades, cotisation au cercle, po litesses rendues sous forme d'apéritifs, et quel ques francs d’argent de poche. Je vous assure que, vers le a5 de chaque mois, le diable loge en l’escarcelle des lieutenants, des capitaines et même parfois des officiers supérieurs. Et je parle ici des célibataires. Les officiers mariés sont au moins aussi gênés. Ils n’ont pas tous la chance d’épouser des héritières. Beaucoup d’entre eux s’unissent à de braves filles qui leur apportent la dot réglementaire; — et encore arrive-t-il que cette dot ne figure que sur le papier et retourne, dès le soir du contrat, dans le portefeuille du beau-père Ils doivent, avec ces ressources,faire figure dans le monde et tenir leur rang. Ils ne donnent pas, certes, de grands dîners, mais ils font des vi sites et ils en reçoivent. Ils veulent que leur maison soit propre et décente. Ils sont obligés de sacrifier aux dehors. Madame ne peut s’ha biller ainsi qu’une souillon, elle a besoin d’une robe convenable pour sortir au bras de son mari dans la ville et présenter ses hommages, une fois l’an, à la colonelle. On fait durer la robe, Dieu sait !... On la reteint, on la retape, on change les garnitures, on déplace les vo lants. On nettoie ses gants avec un morceau de gomme, on fabrique, soi-même, ses chapeaux, en s’inspirant des journaux de mode, et l’on arrive tout juste à se tirer d’affaire en se nour rissant de bouilli et de pommes de terre frites....