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La République française, 16 octobre 1879

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La République française
16 octobre 1879


Extrait du journal

Nous laissons, quant à nous, bien volontiers les historiens à ce labeur ardu ; nous n’éprouvons aucun désir de puiser dans des souvenirs lugubres des moyens de polémique, ni de les jeter à la tête des gens. Nous croyons qu’il y a tout intérêt à en déblayer le terrain de la politique contemporaine, et c’est pour cela que nous restons par tisans de l'amnistie complétée. Le Journal des Débats ne peut se lasser de s’en montrer scandalisé ; il nous appelle, non sans quelques velléités d’impertinence, ouvriers do la dernière heure, nous taxe de complaisance et de soumission. Nous pourrions ne point passer ces distractions au Journal des Débats, qui n est pas né d’hier; mais il faut bien mettre un peu au courant ses jeunes rédacteurs et leur apprendre ! que le premier article de la Ré! publique française en faveur de j l’amnistie plénière a paru dans son : numéro du 7 novembre 1871 (pre- i | mière année, n° 1), assez longtemps, 1 ; comme on voit, avant que le journal ! la Marseillaise vint au monde, etpeut! être même avant que M. Francis CharI mes eût commencé ses études sur ; 1 histoire contemporaine, qui ne paraisi sent pas encore fort avancées. Nous rap pellerons de plus à M. Charmes,qui pour- , ! rait s’en souvenir, car cela se passait do son temps, qu’au mois de février, alors j qu’on discutait le projet d'amnistie partielle du ministère, nous n’avons cessé de soutenir que l’amnistie totale : ; était seule logique, seule juridique et, ; de plus,seule vraiment politique ; que ni les orateurs du gouvernement ni celui 1 de la commission ne nous ont persua dés des dangers qu elle leur paraissait j | présenter ; que nous avons, au contrai- ; | rc, prédit au ministère que l’applica- i : tion de l'amnistie individuelle serait i ; pleine d’inconvénients, que l’on se fai; sait illusion si l’on croyait par là fermer | la question, que sans aucun doute elle : i sc représenterait périodiquement et se- i rait une source de divisions pour la majorité républicaine. Il est vrai I qu’à la même époque d'autres parti sans de l’amnistie totale parlaient, après l’échec do leur proposition, do repousser le projet du gouvernement au nom des principes ; nous qui n’ap partenons pas à l’école du tout ou 1 j rien, nous avons déconseillé cette tac- ; ! tique. | On voudra bien nous accorder que l’amnistie que nous demandions en i 1871, alors que M. Thiers comptait I ' parmi scs ministres des monarchistes j ! déclarés, nous n’avons pas de raison d y j 1 renoncer parce que nous vivons sous i un gouvernement républicain, et par- i ce que les vaincus de la Commune i ont passé huit ans do plus dans i les prisons, dans les colonies péniten tiaires ou dans l’exil. Nous estimons que, dans la pratique, le plus fort est fait, comme on dit, qu’il ne subsiste plus de catégories logiquement justi fiables, mais seulement des inégalités . qui choquent le sentiment le plus puis- i saut dans le cœur des Français ; nous estimons que l’amnistie individuelle e*t de l’humanité exercée individuelle ment, mais que l’amnistie par me- 1...

À propos

Face à une gauche qui ne parvient pas à contenir ses partisans, Léon Gambetta entend rassembler une majorité de républicains autour d’un nouveau quotidien, organe de l’Union Républicaine : La République française. Grand journal à 15 centimes, il consacre une part importante de son contenu aux nouvelles de province et joue un rôle considérable dans la victoire des républicains contre les conservateurs. La mort de Gambetta provoque de facto un infléchissement de la publication qui s’éteint lentement jusqu’en 1931.

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