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La République française, 19 mai 1897

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La République française
19 mai 1897


Extrait du journal

la nuit, an milieu du brouillard, par un navire marchand. Une voie d’eau se déclara. Les pas sagers se crurent perdus, fis avaient quitté leurs cabines, à demi vêtus, et s’étaient ras semblés sur le pont. — Jamais, me dit mon ami, cette seène ne s’effacera de ma mémoire.Unesinistre épouvante se lisait sur les visages.TousMes yeux se fixaient sur la chaloupe qu’on se bâtait de mettre à la mer. Et l’expression qui dominait dans ces re gards anxieux, c’était un désir sauvage de se précipiter vers l'embarcation et de la prendre d’assaut. On sentait que ces êtres étaient prêts à se déchirer, à se mordre pour se disputer cette suprême planche de salut. J’avais à côté de moi une jeune miss, dont la fierté un peu dédaigneuse, m’avait frappé dès le début delà traversée. J’avais tenté d’échanger quel ques mots avec elle et elle m’avait marqué par son attitude, que ma familiarité lui déplaisait. A cette heure, son orgueil était tombé. Elle m’avait pris par le bras et le serrait tendre ment, comme pour implorer mon aide. Eh bien ! je l'avoue à ma honte, cette prière muette, au lieu de me toucher, m'exaspérait. J’éprouvai comme une haine farouche contre cette pauvre fille qui allait me perdre, en para lysant mes mouvements.J’eus envie de la repous ser,de la frapper. Cette tentation mauvaise ne dura qu’une minute. Une seconde embarcation arrivait à notre secours et notre terreur fut apaisée. Mais je compris qu’à de certains mo ments l’amour de la vie étouffe dans nos cœurs tout autre sentiment, et qu’il n’est pas un homme, qui, sous le coup d’un ébranlement nerveux, ne soit capable de commettre une lâcheté. Dieu nous garde de telles épreuves ! Nul n’est certain d’en triompher. Nous pouvons nous châtier nous-mêmes si nous jugeons que nous avons gravement failli contre le devoir. Mais l’acte n’en est pas moins accompli. Et il est irréparable... Adolphe Brisson....

À propos

Face à une gauche qui ne parvient pas à contenir ses partisans, Léon Gambetta entend rassembler une majorité de républicains autour d’un nouveau quotidien, organe de l’Union Républicaine : La République française. Grand journal à 15 centimes, il consacre une part importante de son contenu aux nouvelles de province et joue un rôle considérable dans la victoire des républicains contre les conservateurs. La mort de Gambetta provoque de facto un infléchissement de la publication qui s’éteint lentement jusqu’en 1931.

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