Extrait du journal
Ainsi, l’empereur Nicolas aurait, assure-ton, choisi le lieu de sa résidence parmi nous. On lui offrait le palais des Affaires Etran gères au quai d’Orsay. 11 préfère descendre au siège de l'ambassade de Russie, rue de Grenelle. Il entend ne déranger personne ; et, tout en restant à Paris, il veut être encore, de quelque manière, en son pays. On causait hier, dans une compagnie, des divers projets qui furent élaborés en vue du séjour de notre hôte. Un architecte très connu, qui est un homme de goût et de sens, s’écria : — 11 est une idée noble et charmante que l’on n’a pas eue, et j’en suis un peu surpris. C’était d’aménager des appartements dans le vieux palais du Louvre. Rien n’était plus aisé. Quelques tableaux à décrocher, quel ques vitrines à déplacer, quelques cloisons à poser, avec des draperies et des meubles que l'on eût fait venir de Fontainebleau et d’ailleurs ; tout se pouvait arranger en un tour de main. J’ai eu la curiosité de relire dans les pa piers du temps le récit du voyage de Pierrele-Grand, qui s’accomplit dans des circons tances mémorables. Pierre l«r fat reçu chez nous avec la courtoisie que commandaient son rang et les usages de la cour, mais non pas précisément avec sympathie. Le régent n'avait aucune raison de désirer sa visite. 11 était l'allié du roi d'Angleterre, dont le Tsar se trouvait être le plus cruel ennemi. U cher cha bien, par voie diplomatique, à détourner l’empereur de son dessein, mais Pierre avait résolu d'étudier de près les Français et aucune considération n’eût été capable de le fléchir. 11 avait la volonté forte et l’énergie un peu sauvage des hommes de sa race. 11 annonça officiellement son arrivée. Le ré gent dut faire contre mauvaise fortune bon coeur et il prit les mesures nécessaires pour que le Tsar emportât une idée avantageuse de notre hospitalité. Et d’abord il choisit, pour l’attacher à sa personne, le maréchal de Tessé, seigneur considérable qui menait grand train et qui avait de belles manières. Le Tsar débarqua à Dunkerque. Le maréchal reçut l'ordre d'aller à sa rencontre, avec tout son équipage, jusqu’à Beaumont, afin de le conduire décemment à Paris et de lui ména ger une entrée pompeuse... Cependant il fallut s’enquérir d’un endroit où le loger. On prépara le pavillon de la reine mère au Louvre, et comme on pré voyait le cas où l'empereur préférerait une demeure plus intime, on fit disposer l'hôtel de Lesdi gui ères, proche de l’Arsenal, qui appar tenait à M. de Villeroy. Et, en effet, Pierre 1er choisit l’hôtel de Lesdiguiéres, où il estima qu’il serait plus libre. 11 trouva, d’ailleurs, que tout y était trop raffiné et trop pompeux, et, renonçant à coucher dans la pièce d’ap parat qui lui était réservée, il fit tendre son lit de camp dans une garde-robe. Quelle impression Pierre 1« éveilla-t-il parmi les Parisiens î Saint-Simon trace de lui un portrait qui est d’une merveilleuse vivacité : « C’était un fort grand homme, très » bien fait, assez maigre, le visage assez de » forme ronde, un grand front, de beaux » sourcils, le nez assez court sans rien de » trop, gros par le bout, les lèvres assez 9 grosses, le teint rougeâtre et brun; de 9 beaux yeux noirs, vifs, perçants, bien 9 fendus, le regard majestueux et gracieux 9 quand il y prenait garde, sinon sévère et s farouche, avec un tic qui ne revenait pas 9 souvent, mais qui lui démontait les yeux » et toute la physionomie et qui donnait de » la frayeur. Cela durait un moment, avec 9 un regard égaré et terrible, et se remettait » aussitôt. Tout son air marquait son esprit, 9 sa réflexion et sa grandeur... Tout montrait » en lui la vaste étendue de ses lumières et n quelque chose de continuellement consé*...
À propos
Face à une gauche qui ne parvient pas à contenir ses partisans, Léon Gambetta entend rassembler une majorité de républicains autour d’un nouveau quotidien, organe de l’Union Républicaine : La République française. Grand journal à 15 centimes, il consacre une part importante de son contenu aux nouvelles de province et joue un rôle considérable dans la victoire des républicains contre les conservateurs. La mort de Gambetta provoque de facto un infléchissement de la publication qui s’éteint lentement jusqu’en 1931.
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