Extrait du journal

résolution et des capacités, Mlle Nioche n’a pas sa pareille, et je mettrais ma main au feu qu’elle possède au plus haut degré la vertu essentielle : elle n’a pas do cœur—non, pas plus de cœur que la pointe d’une aiguille. Et c’est là l’imputant. Cette jeune fille sera une des célébrités de l’avenir. — Juste ciel! s’écria Newman, voilà donc jusqu’où peuvent entraîner un homme sensé les appréciations artistiques! Mais, pour ce qui est de Mlle Nioche, jo vous en prie, arrêtez-vous là. Vous avez appris en un quart d’heure beaucoup de choses sur elle. Que ces renseignements vous suffisent, et ne poussez pas plus loin vos investigations. — Mon cher garçon, s’écria avec cha leur Valentin, vous me croyez trop bien élevé, j’espère, pour aller sur vos brisées. — Vous n’allez pas sur mes brisées. Cotte fille no m’est de rien. Elle me dé plaît plutôt. Mais je m’intéresse à son pauvre père, et c’est pour l’amour de lui que je vous demande de ne pas chercher à vérifier l’exactitude de vos théories. — Comment ! pour l’amour de ce vieux bonhomme qui est venu la chercher ? Oh ! non, non, mon cher, vous êtes dans une erreur complète; ne vous inquiétez pas de lui, allez! — Je crois, Dieu me pardonne, que vous accusez le pauvre homme d’être capable de profiter des fautes de sa fille. — Voyons, dit Valentin, qui est-il ? D’où sort-il ? — Il est ce qu’il paraît : pauvre comme un rat, mais fort honorable. — Justement, c’est bien ainsi que je l’ai jugé du premier coup d’œil. Je lui rends justice, soyez-cn sûr. Il a eu des malheurs, comme on dit. Il est complète ment découragé aujourd’hui, et ne sait quo faire do sa fille. Il est l’honneur même, soit: il a soixante années d’honnêteté sur...