Extrait du journal

AU SÉNAT L’approche des vacances de Pâques sa fait sentir. Sans compter que le Sénat est loin d’être au complet, on sent que beau coup des membres que le sentiment du devoir tient attachés à Paris ont déjà commencé à faire leurs malles et qu’ils verraient avec plaisir la session s’arrêter séance tenante pour retourner les boucler. Pendant que nos pères conscrits errent dans les couloirs, dans l’hémicycle, ou changent de bancs pour s'entretenir par petits groupes, un actif défilé se produit à la tribune pour le dépôt de rapports et de projets de loi d’intérêt plus ou moins local. Le dernier rapport déposé, celui de M. Faye sur un projet de loi ouvrant des crédits supplémentaires,attireun moment l’attention. Voici maintenant le tour des lois à voter. M. Cochery arrive avec une petite brassée de conventions postales et télégraphiques à approuver. On déclare l’urgence et on vote trois ou quatro fois do suite à l’unanimité sans discussion. Arrivent ensuite trois projets destinés à assurer la participation de la France à l’exposition ce Melbourne ; on scrutine sans relâche : toujours l'unanimité. Voilà une Assemblée unie ! Voici venir le projet sur l’immersion des vignes de l’Hérault : on ne discute pas davantage, mais, ô dou leur ! au dépouillement, on découvre un bulletin bleu ; quel peut bien être le téméraire '? Heureusement, l’unani mité se reforme en faveur du port de Dieppe, de celui du Tréport, de celui de la Rochelle, d’un chemin de fer do Savoie. Quelle consommation de carton, messeigneurs ! Gare aux projets à venir ; car, pour sur, il ne restera plus que des bulletins bleus. Enfin, on renonce au scrutin et uno file serrée de quarante...