Extrait du journal

François n’avait pas lâche le crucifix; il restait tout droit sur le plus haut degré de l’autel. Do nouveau il éleva la croix en l’air. — Il le fallait, dit-il encore, et vous ré sistiez en vain. — Laissez-moi. Ce n’est pas vous que je cherchais. — Je le sais, répliqua simplement le prêtre. Mais, en présence de cet homme, la folle terreur d’Henri se dissipait; il se faisait en lui, sous l’empire de la haine, une réaction d’audace violente et de co lère. Il se redressa et fit un pas en avant, le défi aux lèvres. — De quel droit portez-vous la main sur lui ? reprit-il. Il s’était détaché du bois infâme où vous le retenez cloné. Il me souriait, il m’appelait, il venait à moi. Vous me l’avez repris. Un atroce sourire do François, qui croisa lentement les bras pour cacher je crucifix dans les plis de sa soutane, tomba sur lui. Il se tut, désespéré de voir dispa raître ainsi l’image qu’il aimait, celle idole trompeuse qui, vainement invo quée, restait l’esclave et la chose fidèle du prêtre. — Le voici donc, murmura le vieillard, celui dont le iront a porté l’auréole di vine! Le voici, celui dont les mains pures partageaient naguère et distribuaient au peuple la chair et le*sang du Seigneur ! Et le voici encore, celui qui, enivré do ca resses immondes, tendait comme le ser pent sa tête orgueilleuse vers le ciel et disait : « Dieu n’est qu’un mot ! Je déchi rerai la nue et je déroberai la lumière ! » — Seigneur, poursuivit-il en levant les yeux, que vient faire ici l’apostat? Lors qu’il collait ses lèvres aux pavois de votre sépulcre, avez-vous souffert qu’il insultât une fois de plus le maître qu’il a trahi ? Venait-il cracher une nouvelle souillure à votre face, s'assouvir do votre mort, lui qui s’est rangé parmi vos bourreaux ? — Est-ce vous qui parlez ? répliqua Henri, vous qui m enseigniez autrefois que Dieu est à qui le cherche? — Jamais ! Vous vous trompez. Il est à qui l’espère. C’est en le l cherchant que vous avez achevé do le perdre. Intorrogezle, il est sourd : priez, U vous entendra,...