Extrait du journal

EN L'HONNEUR DU CHAMPAGNE Le vin de Champagne a trouvé un chaleureux panégyriste en M. Armand Bourgeois, prési dent de l'Académie champenoise, qui a toutes sortes de raisons d’aimer ce joli vin, puisqu’il habite la ville où on le fabrique et que, sans doute, il en récolte sur ses terres quelques tonneaux. 11 vient de publier une plaquette où les vertus du champagne sont célébrées sur le mode badin et sur le mode lyrique... La vue de cette brochure a ravivé mes re mords. M. Armand Bourgeois m’avait demandé, ainsi qu’à un grand nombre de mes collègues, une pensée sur le vin de Champagne. Or, trou ver une pensée n’est pas commode, quand on n'a pas le génie de Pascal ou l’esprit de Beau marchais. On se creuse la cervelle, on cherche le trait brillant,— qui ne vient pas, — ou le qua train renouvelé de Voltaire. Et les heures et les heures se passent, et la plume reste paresseuse, et la page reste blanche. Je crois bien que, pour écrire quelque chose de sensé sur le champagne, il faut commencer par boire quelques verres de champagne. Et cependant, quel gentil sujet! Et quel breu vage mérite mieux que celui-là l’hommage des poètes et des artistes ? D’abord il est agréable à regarder : il pétille, il est blond comme l’or. Il aguiche l’odorat, sa mousse pique la lèvre, son reflet illumine les joues roses et rend les yeux plus brillants. Et puis il symbolise les joies humaines; on le sert aux jours de fêtes. Son arrivée sur la table a l’air d’annoncer un événe ment heureux. Et enfin (cela suffirait à lui mé riter nos sympathies), c’est le vin préféré des femmes, c’est le seul vin qu’elles aiment.......