Extrait du journal

COURS DE JOURNALISME On nous assure que l'université de Pensylvanie vient de fonder une chaire nouvelle, où l’on professerait le journalisme. Il n’y a peutêtre là qu'un canard américain à joindre à tant d’autres. Cependant gardons-nous de nier a priori : nous risquerions trop de découvrir un peu naïvement, une fois de plus, que l’Amé rique a le secret de nous étonner. Admettons donc, pour un instant et jusqu'à plus amples détails, l'existence de ce cours de journalisme. Mais ce dont on ne pourrait se dispenser, c’est de poser à son propos quelques questions. Par qui sera-t-il professé? A quel point de vue? Qu’y enseignera-t-on? Autant de pro blèmes complexes. En somme, rien ne ressemble moins à tel journaliste qu’un autre journaliste. M. Arthur Meyer en est un, M. Clemenceau en est un autre. Et le métier embrasse aujourd’hui la presque universalité des faits et des doctrines, comme il exige la plus multiple diversité des aptitudes. Est-ce le reportage qu’on apprendra, à l’uni versité de Pensylvanie ? Mais il se divise luimême en un très grand nombre de variétés, comportant des secrets, des initiatives, des pro cédés très différents. Et rien n’y supplée aux dons de nature, à la prédestination, à la voca tion. Les qualités essentielles ne s’en peuvent, il me semble, guère apprendre. Le flair et l'a dresse ne s’inculquent pas en un nombre quel conque de leçons. Tout au plus pourrait-on mettre à la portée des élèves un certain nombre de traditions, un certain nombre de préceptes dûment codifiés, mais qui ne seraient jamais que de simples règles de convenance....