Extrait du journal

Voici trois ou quatre ans que je vis dans la sociétés des orateurs de la Cons tituante et de la Convention, lointains fondateurs de notre démocratie. Us par laient grec et romain jusqu'à la satiété. Us ignoraient d'ailleurs à peu près tout de la Grèce et de Rome, et ils finiraient par me pervertir si M. Croiset ne me ve nait édifier. Il est extrêmement agréable d'être édifié par M.Croiset: car ce grand savant qui, n’en déplaise à la mémoire de Mirabeau, Desmoulins et Saint-J ust, connaît mieux que personne le monde antique, nous instruit comme en se ijouant. Le petit livre qu’il nous donne est si nourri à la fois et si aimable, que je n’y remarque aucune ligne qui soit négligeable et aucune qui ne soit agréa ble, — ce qui rend extraordinairement difficile mon rôle aujourd'hui. (1) M. Croiset étudie les démocraties an tiques : Athènes l’arrête d’ailleurs fort longtemps ; et c’est faire la part belle a qui prône la démocratie, parce que ce fut une démocratie aimable et - Paraîl-il — moins insensée que certains Athéniens, ne l’ont écrit. D’ailleurs les Athéniens qui blâmaient Athènes,la blâ maient en l'adorant : ils me rappellent ainsi la façon dont rions blâmons parfois notre chère Athènes à nous. Platon la trouvait insensée, mais « était épris d’elle ». L’historien est épris d’Athènes, mais d un amour clairvoyant . il ne la trouve, pas insensée toujours, mais il ne dissimule pas qu’elle l'était par fois....