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La République française, 25 février 1892

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La République française
25 février 1892


Extrait du journal

On dit que ce qui a porté malheur à l'ancien cabinet, c’est que M. de Freycinet, président du conseil, n’a pas su cacher qu’il était, comme il en avait le désir et la volonté, d’ac cord avec le pape. Ainsi, ce serait parce que le pape a écrit aux évêques de France une lettre pour annoncer qu’il tient la République pour un gouvernement légitime, auquel tous les catholiques doivent obéissance, que nous au rions vu tomber le ministère. Si, dans une querelle religieuse, on a le pape pour soi, on est perdu ; au contraire, si on l'a contre soi, on est sûr de triompher. Un gouvernement qui n’est pas l’adversaire du pape n’a présentement aucune chance de vivre. Veut-il seulement s’établir ? Il faut qu’il commence par bien dé montrer que le pape, le clergé, les catholiques n’ont pas et ne peuvent avoir d’ennemi plus déterminé. C’est pourtant à cette conclusion insensée que l’on aboutirait, si l’on voulait suivre jusqu’au bout les vio lents esprits qui se refusent à tout apaisement. Ne suffit-il pas de la dégager, de la mettre en lumière, pour que l’on reconnaisse qu’il n’y aurait aucun gouvernement possible, si des prétentions aussi déraison nables pouvaient triompher? Il n’y a point de cabinet, point d’homme po litique vraiment digne de ce nom, pour monter à la tribune et pour y lire une déclaration de guerre religieuse. Si on ne peut pas déclarer la uerre, il vaut mieux ne pas la faire u tout que de la faire hypocrite ment et par des voies détournées. Encore une fois, la France ne veut pas entendre parler des querelles religieuses. Elle n’est pas cléricale ; elle ne l’a pas été, elle ne le sera ja mais. Elle veut que les curés restent tranquilles dans leurs églises. Elle n’est pas prête à se passer d eux et de leur ministère. Elle ne sait pas com ment elle ferait pour s’en passer, d’ailleurs. Nul ne s’est préoccupé de le lui apprendre ; et, parmi tous ces fougueux adversaires des prêtres et de leur influence qui nous prêchent la guerre à l’Eglise, nous n’en voyons aucuns qui puissent nous dire ce qu’ils ont fait pour mettre la nation française en mesure de s'affranchir d’un joug qui leur semble d’autant plus intolérable qu’ils affectent d’y être moins soumis. Mais le pape, disent-ils, embras sant la République, ce ne peut être que pour l’étouffer. Prenez garde au pape, il porte malheur ! Eh oui ! le pape fait ses affaires et celles de l’Eglise, avant de songer à être agréable aux républicains. Qui doute de cela? Qui doute davantage de cette vérité...

À propos

Face à une gauche qui ne parvient pas à contenir ses partisans, Léon Gambetta entend rassembler une majorité de républicains autour d’un nouveau quotidien, organe de l’Union Républicaine : La République française. Grand journal à 15 centimes, il consacre une part importante de son contenu aux nouvelles de province et joue un rôle considérable dans la victoire des républicains contre les conservateurs. La mort de Gambetta provoque de facto un infléchissement de la publication qui s’éteint lentement jusqu’en 1931.

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