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La République française, 26 août 1896

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La République française
26 août 1896


Extrait du journal

11 semble que depuis qu'on a détruit toutes les vieilles prérogatives officielles et légales, le démon de l’inégalité a fait, chaque jour, dans nos mœurs, de nouveaux progrès, par tous les chemins détournés de l’amour-pro pre, de l’ambition, de la gloriole. C’est à qui se guindera, se haussera au-dessus de sa condition naturelle. Non seulement on se jette ave* plus d’a charnement que jamais sur les titres, les insignes extérieurs, les parchemins, les postes de faveur, sans compter toutes les morgues, jactances, prétentions inouïes qu’étalent les nouvelles fortunes ; mais on cherche encore à détruire les égalités consacrées par les lois et à créer dans toutes les carrières des «r aristocraties » au bénéfice de certaines catégories d’individus, privilégiés on ne sait pour quelle raison. Ainsi, dans l’armée par exemple, peut-on trouver quelque chose de plus injustifié que ce dédain professé généralement par les « combattants » pour les « non combattants »? Ce préjugé existe du haut en bas de l’échelle, du général au simple soldat, comme si toutes les fonctions militaires n’étaient pas de la même utilité, comme s'il ne fallait pas un concours de compétences diverses et variées pour assurer la victoire ! Notez que les « combattants » n’auraient sou vent aucune raison plausible de railler et de mépriser leurs infortunés collègues, qui por tent l’épée au lieu du sabre. Ceci me rappelle la réponse malicieuse d’un médecin militaire, avant l’assimilation définitive du corps mé dical, à un colonel — arrivé par le rang de la façon la plus modeste et sans brillants éclats de guerre — qui lui demandait assez impertinemment : — Eh bien I docteur, comment vous faitesvous appeler à votre régiment ? Au moins mon commandant ? Votre aide-major se fait donner déjà le titre de lieutenant. — Mon Dieu, mon colonel, répondit le «r non combattant j», je n’ai qu’une ambi tion : conserver mon titre de docteur ; car si on peut devenir capitaine, commandant, colonel même, en vidant le panier de crottin et en traînant son sabre dans les écuries, on ne devient pas docteur de la même façon. La réponse était vive, mais elle avait été provoquée. Il faut reconnaître, toutefois, que depuis quelques années ces préjugés d'un autre âge tendent cependant à disparaître. L’assimilation successive des médecins, des pharmaciens et des vétérinaires est là pour le prouver. Moins heureux que leurs an ciens camarades dû>fortune, les officiers d’administration et les chefs de musique ont été laissés à l’écart du galon. Pourquoi ? Nous l'avons demandé à cette même place à diverses reprises : on ne nous a pas encore répondu. Cette vieille question des prérogatives vient d’être remise à l’ordre du jour d'une façon...

À propos

Face à une gauche qui ne parvient pas à contenir ses partisans, Léon Gambetta entend rassembler une majorité de républicains autour d’un nouveau quotidien, organe de l’Union Républicaine : La République française. Grand journal à 15 centimes, il consacre une part importante de son contenu aux nouvelles de province et joue un rôle considérable dans la victoire des républicains contre les conservateurs. La mort de Gambetta provoque de facto un infléchissement de la publication qui s’éteint lentement jusqu’en 1931.

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