Extrait du journal

lui aussi, de sô retirer avec deux ou trois de ses amis personnels. Encore une fois, que ferez-vous alors ? Nos confrères de Londres n’y ont même pas songé. Laissant complète ment de côté les faits constatés par de nombreux documents officiels, il se sont précipités, ainsi que sur une proie, sur les ridicules racontars que leurs correspondants recueillaient le long des boulevards comme à « une source des plus autorisées », ou bien sur certaine note perfide et mensongère qui trahit à chaque ligne l’éducation jésuitique ou dominicaine de ses jeunes inspirateurs. Quelle aubaine pour des prédicateurs chargés de faire la morale à l’infidèle, au Français ignorant et plongé dans les té nèbres politiques ! Quel beau sujet ! quel texte prêtant à des mouvements d’amère ironie, à des épanchements d’une com passion pharisaïque, à des prophéties lugubres sur la France, à une solen nelle glorification de la grande nation insulaire ! Tout cela est fort éloquent assurément, mais tout cela porte absolu ment à faux, tout cela vise une situa tion qui n’existe pas. Il y a dans ce monde, a dit M. de Bismarck, deux sortes d’hommes d’E tat: ceux qui voient ce qui est, et ceux qui contemplent leurs chimères. Il y a aussi deux espèces de correspondants spéciaux : ceux qui transmettent les faits constatés par des investigations sérieuses, et ceux qui répètent les men songes intéressés qu’on leur débite. 11 y a encore deux espèces de journa listes : ceux qui parlent de ce qu’ils savent, et ceux qui raisonnent sur ce qu’ils ignorent....