Extrait du journal

de tableaux; — mais quand ils sauront que tu as besoin de travailler pour vivre, ils ne te payeront plus si cher. Enfin, cela peut s’arranger, mais il faudrait re noncer à la grande vie. — Te figures-tu qu'elle m’amuse? ré pliqua brusquement Lucien. Il s’arrêta court, comme pour retenir -d’autres paroles. Jalbrun lui mit une main sur le bras. — Veux-tu que j’aille demain matin chercher ta femme? dit-il. Je suis sûr qu’elle reviendra sans te dire un mot. — C’était possible ce matin, répondit Lucien à demi-voix, c'est impossible à présent. Depuis que mon père m’a coupe les vivres, je ne puis plus me réconci lier avec ma famille ; on dirait que c’est par intérêt que je l’ai fait. L'orgueil de Lucien fut inébranlable, et d’ailleurs Jalbrun n’insista que modéré ment ; à la place du jeune homme, il eût agi de même. — Alors, lui dit-il, comme conclusion, tu n'as qu’une chose à faire : vivre trèsmodestement en travaillant beaucoup. Ce n’est pas gai, mais c’est honorable. J’ai un peu d'argent à ta disposition ; sois économe, et nous ferons pour le mieux. Lucien serra silencieusement la main de son ami, et ils remontèrent vers le Paris brillant, en parlant de choses d'art, comme si de graves questions person nelles n’eussent pas été débattues entre eux. Le lendemain, le jeune homme en s’éveillant se dit qu’il quitterait le jour même la maison que les événements lui avaient rendue si odieuse. Après avoir rangé quelques effets et des objets aux quels il tenait particulièrement, il sortit pour chercher un atelier. Comme il marchait, regardant les écriteaux aux portes des maisons, il en ,-vifc un partait en grosses lettres ;...