Extrait du journal

Graves incidents de grève Grenoble, 27 mars. De graves incidents se sont produits à Saint-Laurent-du-Pont, à l’occasion d’une grève des mineurs de la Société des Ci ments Vicat. Ceux-ci chôment, en effet, de puis deux mois, à la suite du renvoi de deux de leurs camarades. Jusqu'ici, ils étaient demeurés assez calmes, quand, hier, après une entrevue avec M. Merceron-Vicat, administrateur délégué, laquelle n’aboutit qu’à la rupture des pourparlers antérieurs, les grévistes décidèrent d’organiser la grève générale. Le directeur, M. Di vol, se vit as siégé dans un restaurant dont les vitres fu rent brisées. Les ouvriers de toutes les usines furent débauchés dès la première heure. De là les manifestants se sont op posés au départ du tramway de Saint-Laurent-du-Pont à Saint-Béron et Voiron qui permet les communications avec Lyon, Grenoble et Chambéry. Un des grévistes fut blessé d’un coup de pied de cheval, tandis qu’un autre, malmené par un gendarme, avait un poignet luxé. Au cours d’une manifestation dirigée con tre M. Pichat, maire et ancien député, les vitres d’un café où il se trouvait furent brisées. Deux employés qui étaient restés à l'u sine Merceron-Vicat furent ramenés à SaintLaurent-du-Pont au milieu des huées et des quolibets de la foule. L’un d'eux ne dut qu’à la présence de nombreux gendarmes d’échapper aux sévices que la foule lui ré servait. Aujourd’hui, de nouveaux incidents, moins graves cependant, se sont produits. Les grévistes ont essayé, sans succès, de débaucher le personnel du tramway. Les trains sont surveillés par la troupe, qui garde la voie ferrée et les deux gares. On a constaté qu’un rail avait été dévissé. On a pu le remettre en état avant qu’un acci dent se produise....