Extrait du journal
Vous vous rappelez cette légende sous un dessin du Rire : Le contrôleur récla me les billets aux voyageurs, dans un wagon de première classe. — Député, dit le premier voyageur avec éclat en montrant sa carte de cir culation. — Sénateur, dit le second, esquissant le même geste. — Employé de la compagnie, dit le troisième, plein de morgue. Le quatrième tend modestement son billet. Lui seul avait payé sa place. — Et vous, demande sévèrement le contrôleur ? — Contribuable 1 Le malheureux contribuable tient une très petite place dans l’Etat. Ceux qu’il entretient, ne s’occupent de lui que pour prendre son argent. Il n’a aucun droit, si ce n’est celui de payer. Non seule ment les lois ne sont pas faites pour lui ; mais toutes celles que l’on fabrique de puis quelques années, sont toutes contre lui. Il n’est question dans les débats de la Chambre, que de l’opprimer toujours un peu plus. Les partis se disputent et se mettent d’accord sur son dos. Il est le paria de la Société moderne, honni, battu et méprisé. Qui est-ce qui s’est occupé de lui dans la dernière affaire des postiers ? 11 était cependant le premier intéressé. 11 n’y a des postiers qu’à cause de lui et pour lui ; il est le client qui paye. Personne ne s’est avisé de lui demander son avis ; et tout le monde s’est moqué de ses plain tes. Les ministres ont adressé de plates excuses aux fonctionnaires révoltés ; ils n’ont,bien entendu,exprimé aucun regret à l’adresse des contribuables gênés dans leurs affaires, lésés dans leurs intérêts. Tl est question d’acccider Je nouveaux avantages et de nouvelles garanties aux fonctionnaires ; mais qui pense à don ner des garanties aux clients de l’admi nistration ? Bien mieux ; les abonnés du téléphone, ayant souffert de sérieux dommages par suite de l’incendie du poste central, simple effet de l’incurie qui règne dans cette administration, non seulement n’ont reçu aucune indemnité, mais se sont vu poursuivis pour le paie ment d’un service incomplet et déréglé. Les fonctionnaires de toutes les admi nistrations sont solidaires dans l’exploi tation du contribuable. Ceux de l'admi nistration l’oppriment ; ceux du fisc le ruinent ; ceux de la Justice le condam nent. — Haro sur le baudet ! Eh bien ! voulez-vous savoir quel est notre sentiment là-dessus ? C’est qu’on n’en fait pas encore assez. Non. Le con tribuable n'est pas assez rossé, assez méprisé, assez dépouillé. La Chambre vient justement de voter une réforme qui va permettre de l’opprimer mieux et de le dépouiller plus vite. Nous ne dirons pas qu’il l'a voulu. Mais il s’est, laissé faire, et il ne tente rien pour em pêcher que l’impôt sur le revenu soit définitivement établi. — Nous sommes impuissants, pensentils, parce que nous sommes désormais une minorité dans le pays. Il est vrai, l’impôt est voté désormais par ceux qui ne le paient pas. Mais, estce que les minorités ne peuvent parve nir à se faire écouter, en France ? Si ! Mais à la condition qu elles soient or ganisées. Est-ce que les postiers ne sont pas une minorité dans l'Etat ? Combien sont les employés des chemins de fer en France ? Cinq cent mille, peut-être ; ce la ne les empêchera pas d’exiger cette concession inouïe, qu’on leur paie, que les contribuables leur paient une retraite à 50 ans. Et les contribuables qui sont cinq millions se laisseront faire I Ce n’est donc pas le nombre qui fait la for ce ; mais l’union. Les postiers ont triomphé parce qu’ils étaient unis. Faites comme eux. Le con tribuable est la bête de somme sur la quelle tombent tous les coups. Il n’a aucune force parce qu’il est isolé dans la Société ; il ignore ses égaux ; il ne connaît que ses maîtres. Le jour où les contribuables se syndi queront enfin, ils s’apercevront, qu’ils sont, eux, les maîtres. Alors, ils auront bientôt fait de rétablir l’ordre et l’écono mie dans l’administration qu'ils entre tiennent. Ils ne sont rien ; ils pourraient être tout. Il ne leur manque que le courage!... Louis Latapie....
À propos
Face à une gauche qui ne parvient pas à contenir ses partisans, Léon Gambetta entend rassembler une majorité de républicains autour d’un nouveau quotidien, organe de l’Union Républicaine : La République française. Grand journal à 15 centimes, il consacre une part importante de son contenu aux nouvelles de province et joue un rôle considérable dans la victoire des républicains contre les conservateurs. La mort de Gambetta provoque de facto un infléchissement de la publication qui s’éteint lentement jusqu’en 1931.
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