Extrait du journal

Dans notre numéro du 19 mars, nous posions une question relative à un inci dent de la soirée tragique du 16 à Clichy. Nous demandions s'il était exact que deux gardiens de la paix eussent été arrêtés par le service d'ordre pour avoir pris part à l'émeute. Naturellement, on ne nous • a pas re pondu. Cela ne nous a pas empêchés d'avoir, sur cette grave affaire, quelqûes précisions qui nous permettent d'insister pour savoir ce qu'elle devient. Donc, dans la soirée du 16 mars, au mo ment où le service d'ordre était assailli par une foule déchaînée, sur une barri cade édifiée avec des matériaux divers, deux hommes se montraient particulière ment ardents et, le revolver à la main, entraînaient les émeuliers contre la police. Un gradé réussit enfin à appréhender ces deux individus. Lorsqu'on les inter rogea, ils firent connaître insolemment qu'ils étaient gardiens de la paix et mena cèrent des foudres de « l'Intérieur » ceux qui venaient de les arrêter, ainsi que le commissaire divisionnaire devant lequel ils avaient été conduits. Ce commissaire, absorbé par les nécessités, du moment, ou voulant éviter les histoires, crut préféra ble de ne pas dresser de procès verbal et de renvoyer chez eux lés deux agents. Un instant après ils prenaient l'autobus pour rentrer à Paris. Comme ils passaient devant le commissaire divisionnaire c-t ceux qui les avaient arrêtés, ils firent de la main un geste ignoble pour manifester leur mépris. Le commissaire divisionnaire ordonna alors à deux gardiens motocyclistes de suivre l'autobus jusque dans Paris et d'ap préhender, à leur descente, les deux énergumènes. C'est ainsi qu'ils furent conduits au poste des Epinettes. Ils tinrent au chef de poste les mêmes propos ryenaçants. Fouil lés, on trouva sur eux des notes où ils avaient relevé les numéros des agents aux quels ils avaient eu affaire à Clichy. Ces numéros étaient-ils destinés à « l'Inté rieur » ou à l'Humanité? Sans doute aux deux. Ces agents émeutiers, mouchards dé leurs confrères, les nommés D... et B..., font partie du XVIII" arrondissement. Connue nous l'avons dit, ils sont affiliés. au parti communiste. On nous assure qu'ils sont suspendus de leur service, en ce. moment, en attendant de comparaître devant le conseil de dis cipline. Mais pourquoi a-t-on fait le si lence sur cette affaire? F"st-ce pour épar gner plus facilement aux coupables des sanctions sérieuses? (Lire la tuile en 2' page) LA POLITIQUE...