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L’Action française, 24 février 1925

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L’Action française
24 février 1925


Extrait du journal

Transigera-t-on sur la sécurité ? M. Herriot et ses amis se trouvent devant une difficulté qu'ils n'avaient pas prévue en prenant le pouvoir. Ils avaient annoncé la «vraie paix» par l'entente avec nos alliés et la conciliation avec l'Allemagne. En même temps, ils avaient maintenu que la sécurité de la France devait être hors de toute atteinte. La sécurité peut-elle deve nir à son tour, un objet de transaction ? Ne le faut-il pas pour rester fidèle au pro gramme conciliateur ? Ces questions • se posent aujourd'hui au gouvernement des gauches avec cruauté. Le rapport des experts militaires établit que la renaissance du danger allemand n'est pas un mythe. Il reste à tirer les conclusions .de ce rapport., M. Herriot voudrait conclure qu'il importe de con traindre l'Allemagne à respecter le traité 'de Versailles èt à désarmer. On raisonna à Londres autrement. L'expérience a prononcé, disent les An glais. Nul contrôle n'empêchera jamais un peuple qui veut une armée de s'en donner une. Pour obliger l'Allemagne à défaire ce que le général von Seeckt a fait, il faudrait entrer avec elle, en conflit permanent. Le mieux est de la prendre par la douceur' et d'obtenir d'elle, volontairement, ce qu'il n'est pas possible de lui imposer, à moins de perpétuer l'état de guerre. , L'idée du gouvernement britannique est d'appliquer au désarmement les principes qui ont prévalu pour les réparations. On irait aiqsi à un plan Dawes militaire, à la revision masquée des clauses du traité de Versailles qui avaient cherché à rendre l'Allemagne inoffensive. On irait aussi à une conférence générale du . désarmement terrestre avec la participation allemande. Car le Reich serait; fondé à engager un marchandage. Puisqu'il consentirait libre» ment à réduire ses forces, il demanderait une réduction des nôtres. Etant autorisé à conserver légalement une partie au moins de l'armée qu'il a reconstituée illégalement, il faudrait ajuster les forces de tous pour ne pas retomber dans la concurrence rui neuse de la paix armée. • La conception 'française de la sécurité s'évanouirait dans ce.- système. Cependant, hier encore, M. Paul Boncour écrivait dans la .Dépêche de Toulouse : Notre politique de gauche a promis au pays la sécurité par l'entente internationale. Le pays a le droit de savoir si celle-ci est acquise, ou si, décidément, ayant tout fait : pour l'obtenir, depuis le 11 mai, foref nous est de pourvoir à notre sûreté par nos propres moyens. L'Allema gne doit savoir -ce que cela veut dire. Qu'elle ne compte pas sur la complaisance aveugle du Cartel des gauches. Nous avons toujours, dit dans l'opposition que nous saurions la faire payer, que nous saurions la désarmer et que nous saurions nous défendre. Nous serions balayés par le mépris public si nous nous révélions incapables de faire ni l'un ni l'autre. Pour y réussir nous n'avons pas craint de faire appel à la bonne volonté de la démocratie allemande ; nous continuerons, à con dition que celle-ci existe, et qu'elle agisse, et qu'elle nous donne les réparations- et les garan ties que nous sommes en droit d'exiger. Si la démocratie allemande existe, nous savons ce qu'elle veut. Sa manifestation de Magdebourg l'a ait : elle veut la réunion de tous les pays de langue allemande, ce qui comprend l'Alsace, dont.la revendica tion était déjà au programme du Parlement de Francfort en 1843. Et c'est Bismarck qui a exécuté plus tard le programme du . libéralisme allemand. Si la démocratie allemande telle qu'on la conçoit ici, c'est-à-dire pacifique et con tente des frontières de 1919, n'existe pas, ou si l'on ne veut pas la satisfaire au prix d'un bouleversement de l'Europe, alors il reste la contrainte, l'occupation de la rive " gauche du Rhin tout entière, y compris Cologne, jusqu'à ce que l'Allemagne ait désarmé. Mais l'Angleterre n'admet pas que l'évacuation de la première zone soit différée plus de quelques mois. Et surtout elle ne croit pas qu'on amène l'Allemagne à désarmer par ce genre de moyens. Alors ? Alors la politique de M. Herriot, ' de M. Paul Boncour et de leurs ,amis est au rouet. — J. B....

À propos

Fondée en 1908, L’Action française est un journal d’extrême droite dirigée par Charles Maurras et interdit à la libération en 1944. Se gargarisant d’être « le journal du nationalisme intégral », la publication se veut le trait d’union entre les mouvements royalistes, nationalistes et antisémites.

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